Quels sont les liens qui unissent psychiatrie et activisme terroriste islamiste?

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

9 août 2017

Analyse psychopathologique

Dans un article daté de 2016, le psychologue, maitre de conférence en psychologie clinique à l’université de Sétif Ali Hamaidia, tente de proposer un cadre « psychanalytique, une explication de ce phénomène d’un point de vue psychopathologique ». Pour ce faire, il s’appuie sur des « témoignages portés par des repentis ou des sujets ayant côtoyé l’EI (état islamique) ». De ces observations et analyses, il tire comme première conclusion que les « djihadistes de Daesch sont souvent caractérisés par l’instabilité émotionnelle […] l’instabilité en ce qui concerne l’image de soi et les problèmes relationnels […] des troubles du comportement avec passage à l’acte et conduites destructrices et autodestructrices […] des troubles de l’identité ». Ce profil peut les amener à « décompenser sur les modes dépressifs, psychotiques, d’addiction, caractériel, psychosomatique […] Ceci nous a amené à déduire que grand nombre de djihadistes Daesch font partie de façon générale des états limite ». Toutefois, si Ali Hamaidia dénote des « états limites », il ajoute : les mécanismes de défense du Moi permettent à chacun d’eux d’éviter le développement d’une pathologie grave.

Attention à la psychiatrisation à outrance

Pour autant, un certain nombre de professionnels mettent en garde contre la psychiatrisation à outrance des terroristes. En mai 2015, le syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et l’association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP), avaient écrit une lettre à Marisol Touraine, alors ministre de la santé, pour la mettre en garde contre tout emballement sur cette question sanitaire : « Le cadre d’interventions [des psychiatres] doit être précisé car il ne s’agirait ni de « psychiatriser » toutes les situations suspectes, ni de se détourner d’un problème qui touche à la sécurité intérieure », rappelaient-il notamment.

La fédération française de psychiatrie doit remettre un rapport sur cette problématique. « Nous avons terminé un rapport intermédiaire sur la question. Il s’agit en fait d’une revue de littérature approfondie, et nous émettons des propositions de formation et d’orientation ».

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