Paris, France — De nouveau, le terrorisme djihadiste a touché le sol français. Samedi soir, un certain Mamaye D., 18 ans, a essayé de forcer le dispositif de sécurité de la Tour Eiffel pour poignarder un militaire en faction ce soir-là. De nouveau, le profil psychiatrique perturbé de l’assaillant relance la problématique sur les liens qui unissent psychiatrie et activisme terroriste islamiste.
Interné et fiché S
Après avoir été désarmé, l’homme est interpellé et arrêté. Lors de sa garde à vue, son profil interpelle les enquêteurs de la police judiciaire. En effet, depuis son enfance, Mamaye D. multiplie les séjours en hôpital psychiatrique, rappelle Le Parisien du 7 août.
Depuis le 27 juillet et pour une durée de six mois, rapportent des membres de sa famille, Mamaye D., hospitalisé à l’hôpital de Persan (95), bénéficiait de permissions de sortie les week-ends. Il aura profité de la dernière pour tenter de commettre un attentat à la Tour Eiffel. Si la pathologie psychiatrique de Mamaye D. s’est déclarée dès le collège, il s’est aussi, parallèlement, radicalisé. En 2015, il avait menacé des agents SNCF en proférant des slogans djihadistes.
Il avait écopé d’une condamnation de quatre mois d’emprisonnement avec sursis en 2016, et d’une inscription sur le fichier des radicalisés qui comporte 15 000 à 16 000 noms. Selon un commissaire de police, 15 à 20% de ces radicalisés suivis par les services de renseignement présenteraient des pathologies psychiatriques.
Quoi qu’il en soit, suite à sa tentative d’agression de samedi dernier et malgré ses antécédents psychiatriques, Mamaye D., est poursuivi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste en vue de commettre des assassinats. En garde à vue, le jeune homme a en effet avoué être en contact avec un combattant de Daesch dans la zone irako-syrienne.
5 terroristes au profil psychiatrique « perturbé »
Le profil psycho-pathologique de Mamaye D relance la problématique des liens qui unissent psychiatrie et terrorisme daeschiste. En effet, Mamaye D. n’est pas le seul partisan de Daesch à présenter un profil "borderline".
Dans une enquête parue en 2015, Le Figaro passe en revue cinq profils de djihadistes. Parmi eux, Alexandre Dhaussy, qui le 25 mai 2013, avait planté un couteau dans le cou d’un chasseur alpin en mission VIGIPIRATE, a depuis été expertisé. Selon les psychiatres qui l’ont vu, il serait atteint d’une psychose schizophrénique, « un trouble psychique ayant aboli son discernement et le contrôle de ses actes ». Mehdi Nemmouche, auteur d’une tuerie dans un musée juif de Bruxelles en mai 2014, présenterait également un profil à la limite de la psychiatrie. Il en va de même de Yassin Salhi, qui avait décapité son patron à Saint-Quentin-Fallavier en juin 2015. Il aurait présenté des troubles de la personnalité. Il s’est par ailleurs suicidé en décembre 2015, avant d'avoir pu subir une nouvelle expertise psychiatrique.
Dans une interview donnée en 2014, le Pr Roland Coutanceau, psychiatre expert auprès des hôpitaux, commentait quelques cas de djihadistes passés à l’acte terroriste. Il rappelle ainsi que Nacer B. qui avait blessé 13 personnes lors d’une attaque à la voiture à Dijon, souffrait d’une « pathologie psychiatrique lourde ». Il avait fait 157 passages en unité psychiatrique entre 2001 et 2014.
Quant au cas de Bertrand Nzohabonayo, qui avait agressé des policiers dans un commissariat à Joué-les-Tours en 2014, Roland Coutanceau le décrivait ainsi : « Ce sont des êtres perdus, un peu psychopathes, souffrant d’un mal-être existentiel, chez qui l’idéologie extrémiste et le passage à l’acte comblent un vide. Il me semble que c’est le cas de l’agresseur de Joué-lès Tours. »
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Citer cet article: Quels sont les liens qui unissent psychiatrie et activisme terroriste islamiste? - Medscape - 9 août 2017.
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