Cancer du sein : peut-on faire une reconstruction précoce du sein pour toutes les femmes ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

3 août 2017

Saint Louis, Etats-Unis— Implanter une prothèse mammaire dans la semaine suivant une mastectomie serait associé à plus de complications qu’une reconstruction plus tardive, selon une vaste étude de cohorte prospective publiée dans le JAMA surgery[1].

« Pour les patientes obèses, qui fument, qui sont diabétiques ou qui nécessitent une chimiothérapie adjuvante, il faudrait conseiller d’opter pour la reconstruction mammaire retardée plutôt qu’immédiate » concluent les auteurs de cette étude. Ils ajoutent « et même pour les femmes qui ne présentent pas ces facteurs de risque, la reconstruction immédiate entraine plus de complications du site opératoire et peut retarder la mise en route d’une chimiothérapie adjuvante de 2 à 3 semaines. »

Une donnée importante puisque cette pratique a fortement augmenté en quelques années : 28,5 % de reconstructions immédiates en 2005 vs 42 % en 2011, d’après la base de données américaine National Inpatient Sample.

 
Pour les patientes obèses, qui fument, qui sont diabétiques ou qui nécessitent une chimiothérapie adjuvante, il faudrait conseiller d’opter pour la reconstruction mammaire retardée.
 

D’après les auteurs de la nouvelle étude, le Pr Margaret A. Olsen et coll. (CHU de Washington, St Louis, Etats-Unis), lorsque la prothèse est implantée dans les sept jours (reconstruction immédiate), les femmes ont un risque accru de complications sévères au niveau du site chirurgical (infections…), de reprises chirurgicales et de retard à l’instauration de la thérapie adjuvante.

Pour les chercheurs, retarder la pose d’une prothèse pourrait donc être bénéfique pour limiter le risque de complications chez certaines patientes à haut risque.

« Le risque de complications associées à la reconstruction immédiate doit être soigneusement pesé par rapport aux bénéfices psychologiques et techniques […] Cette situation nécessite que la décision soit prise en concertation avec la patiente », a commenté le Pr Olsen pour Medscape.com.

 
Le risque de complications associées à la reconstruction immédiate doit être soigneusement pesé par rapport aux bénéfices Pr Margaret A. Olsen
 

Dr Jean-François Honart

Interrogé par Medscape édition française, le Dr Jean-François Honart (Gustave Roussy, Villejuif, France) indique, pour sa part, qu’à Gustave Roussy, la reconstruction immédiate a plutôt le vent en poupe en raison des bénéfices qu’elle apporte en termes de qualité de vie et de résultats esthétiques.

« Nous pratiquons de plus en plus de reconstructions immédiates mais nous essayons de sélectionner au mieux les patientes. Il faut savoir que l’obésité, le tabac ou le diabète mal équilibré augmentent le risque de complications. Aussi, au niveau oncologique, les cancers inflammatoires sont une contre-indication absolue », précise-t-il.

61 % de reconstructions

L’étude a inclus les données de 17.293 femmes âgées de 18 à 64 ans qui ont eu recours à une mastectomie entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2011 dans 12 états aux Etats-Unis (base de données HealthCore Integrated Research Database).

L’âge moyen des femmes était de 50 ans et 61 % des patientes ont eu une reconstruction mammaire immédiate (<7 jours) ou retardée (>7 jours). La chirurgie était considérée comme secondaire si la femme avait déjà eu une reconstruction immédiate après mastectomie.

Nous pratiquons de plus en plus de reconstructions immédiates mais nous essayons de sélectionner au mieux les patientes.

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