Cicatrisation accélérée, résistance aux infections, aux cancers : ce que nous pouvons apprendre des requins

Stéphanie Lavaud, avec Kathleen Doheny

Auteurs et déclarations

7 août 2017

S’inspirer d’une protéine de requin pour lutter contre la fibrose pulmonaire

Des scientifiques australiens ont mis au point une version humanisée d’une protéine de requin appellée i-body [1]. Développée en collaboration avec la société de biotechnologie AdAlta, cette molécule dénommée pour l'instant AD-114 serait capable de tuer les cellules qui provoquent la fibrose des poumons. Des études préliminaires ont montré qu’elle diminue l’épaississement et l’inflammation des tissus pulmonaires des personnes qui souffrent de fibrose pulmonaire idiopathique. La FDA lui a donné le statut de médicament orphelin, ce qui devrait aider à son développement [2]. La société espère démarrer les essais chez l’homme en 2018.

En quoi l’anticorps i-body est-il spécial ?

I-body est un analogue du domaine de liaison à l’antigène de l’anticorps de requin, qui combine l’avantage des anticorps monoclonaux (grande spécificité et affinité pour la cible) avec la stabilité des petites molécules. De plus, l’anticorps i-body possède une longue boucle de liaison typique des anticorps de requin, une particularité qui lui donne la possibilité de reconnaitre et de se lier à des cibles thérapeutiques potentielles, comme les canaux ioniques et les récepteurs couplés à la protéine G, difficilement accessibles aux immunothérapies actuelles.

Le médicament pourrait aussi être utilisé pour des pathologies hépatiques (NASH) et ophtalmiques (DMLA humide).

Biomimétisme : un matériau type peau de requin pour les sols des hôpitaux

Le requin est aussi source de bénéfices pour la santé humaine de façon plus indirecte. Il faut le savoir, le requin contrairement aux autres poissons, a une peau particulière. Elle est recouverte de denticules cutanées, écailles similaires à des dents. Alignées et resserrées entre elles, ces denticules ont deux avantages. Elles permettent à l’eau de glisser sur la peau et de produire un écoulement laminaire. Mais aussi, elles empêchent les bactéries d’adhérer à la peau.

La société américaine Sharklet™ s’est inspirée de cette spécificité pour fabriquer un revêtement antibactérien destiné à être utilisé dans les hôpitaux. Le Dr Ethan Mann, chercheur chez Sharklet technologies, précise : « la peau du requin n’est pas antimicrobienne en elle-même, elle semple plutôt s’être parfaitement adaptée pour empêcher les algues et bernacles de s’y attacher et a développé des propriétés particulières qui dissuadent les organismes marins d’y adhérer. Nous nous sommes beaucoup inspirés de la nature pour créer ce matériau d’avenir » [3]. Alors que la résistance bactérienne ne cesse de croitre, cette technologie pourrait permettre de diminuer fortement, voire d’abandonner totalement, l’usage de produits antibactériens pour nettoyer les surfaces. Elle pourrait aussi contribuer à diminuer grandement les risques de contracter des maladies nosocomiales lors de séjours hospitaliers.

 

L’article original a été publié sur Medscape édition internationale le 24 juillet 2017. Traduit de l’anglais et complété par Stéphanie Lavaud.

 

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