Washington, Etats-Unis — Selon une large étude rétrospective américaine [1], l'effet bénéfique du régime végétarien sur le risque cardiovasculaire dépend plus de la qualité nutritionnelle des produits consommés qu'au caractère strict du régime en lui-même. Surtout si ce régime laisse plus de place aux féculents qu'aux céréales complètes et aux fruits oléagineux.
Plusieurs travaux ont associé le régime végétarien à une baisse significative du risque cardiovasculaire. Selon une récente étude britannique, portant sur plus de 45 000 volontaires suivis pendant 12 ans, le risque de maladies cardiovasculaires serait ainsi réduit d'environ un tiers chez les végétariens, comparativement aux non-végétariens [2].
Pour autant, tous les produits d'origine végétale ne se valent pas. Tout dépend de leur qualité nutritionnelle et des transformations subies par les aliments avant d'être consommés, avance une nouvelle étude, qui n'a pas cherché à comparer les régimes alimentaires, mais s'est plutôt attardée sur les différents aliments rentrant dans leur composition.
Plus de 130 aliments étudiés
« Etre végétarien ou manger davantage d'aliments d'origine végétale ne signifie pas forcément que vous avez un régime alimentaire sain. Il faut plutôt penser en terme de qualité des produits et préférer, par exemple, les céréales complètes aux céréales raffinées ou les fruits entiers aux jus », a souligné, auprès de Medscape édition internationale, le Dr Ambika Satija (Harvard School of Public Health, Boston, Etats-Unis), auteure principale de l'étude.
Dans leur étude, le Dr Satija et son équipe ont opté pour une évaluation de la consommation de plus de 130 aliments d'origine animale et végétale. Pour cela, les chercheurs ont analysé les données provenant de trois cohortes américaines de quelque 200 000 participants, suivis pendant plus de 20 ans.
Tous les deux ou quatre ans, un questionnaire a été adressé aux volontaires pour connaitre leur état de santé, leur hygiène de vie et leurs habitudes alimentaires.
Un indice de régime végétarien
Les aliments consommés ont été répartis, selon leur valeur nutritionnelle, en 18 groupes, eux-mêmes classés en trois catégories:
les aliments d'origine végétale considérés comme sains (fruits oléagineux, céréales complètes, huiles végétales, légumineuses, café…),
les aliments d'origine végétale moins sains (pommes de terre, jus de fruits sucrés, céréales non complètes…)
les aliments d'origine animale (viande, glaces, fromage…).
Des scores ont également été attribués à chacun des aliments, selon les bénéfices connus en terme de prévention cardiovasculaire. L'addition de ces scores a permis d'obtenir un indice de régime végétarien (PDI - Plant-based Diet Index), permettant une comparaison entre les participants ayant un apport élevé en produits d'origine végétale sains et ceux consommant plus souvent des produits végétaux moins bons pour la santé.
L'étude montre tout d'abord que les participants ayant les indices les plus élevés parmi ceux optant plus fréquemment pour des produits sains sont plus âgés, davantage actifs et présentent un indice de masse corporel (IMC) plus faible, comparativement à ceux portés sur une alimentation à base de pomme de terre ou de riz blanc.
Jusqu'à 25% de risque en moins
Au total, au cours du suivi, 8 631 participants ont développé une maladie coronarienne grave, définie comme un infarctus du myocarde non fatal ou toute pathologie touchant les coronaires aboutissant à un décès. L'analyse révèle une corrélation entre le type et la quantité d'aliments absorbés et le risque cardiovasculaire.
Si le risque de développer une pathologie coronarienne n'est réduit que de 8% (HR=0,92; IC 95%, 0,83 à1,01) chez les individus ayant un régime majoritairement végétarien, sans distinction sur les apports, il baisse de 25% chez ceux qui privilégient les produits sains (HR= 0,75, IC 95%, 0,68 à 0,83), même avec un apport de produits d'origine animale.
A l'inverse, une consommation plus élevée de produits d'origine végétale moins bons pour la santé, dans le cadre d'un régime majoritairement ou exclusivement végétarien, est associée à un sur-risque moyen de maladie cardiovasculaire de 32% (HR= 1.32; IC 95%, 1.20 à 1.46).
« L'adoption d'un régime végétarien à base d'aliments sains offre une alimentation riche en fibre, en antioxydants et pauvre en acides gras saturés (…), permettant de stabiliser ou de perdre du poids, d'avoir un meilleur contrôle glucidique, d'améliorer le profil lipidique, de réduire la pression artérielle », commentent les auteurs.
Une démarche plus motivante
« Ces résultats sont encourageants pour ceux qui souhaitent améliorer leur régime alimentaire, sans passer à un régime strictement végétarien ou végétalien », a ajouté le Dr Satija. « En réduisant les apports en produits d'origine animale et en privilégiant une alimentation végétale de bonne qualité, le bénéfice en terme de prévention cardio-vasculaire reste significatif. »
Dans un éditorial, les Drs Kim Allan Williams et Hena Patel (Rush University Medical Center, Chicago, Etats-Unis) soulignent l'intérêt de cette étude, qui suggère ainsi une approche plus modérée pour s’offrir une meilleure hygiène de vie [3].
« Commencer par des petits ajustements dans les apports alimentaires plutôt que par un changement radical de régime alimentaire est plus motivant et viable sur le long terme », estiment-ils.
Selon eux, l'adoption d'un régime favorisant des produits d'origine végétale sains pourrait ainsi figurer comme une recommandation importante pour les patients à haut risque cardiovasculaire ou en prévention secondaire du risque cardiovasculaire.
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Citer cet article: Tous les régimes végétariens n’ont pas le même bénéfice cardiovasculaire - Medscape - 25 juil 2017.
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