POINT DE VUE

Lyme chronique : dangers de l’antibiothérapie prolongée

Pr Gilles Pialoux

Auteurs et déclarations

18 juillet 2017

Le blog du Pr Gilles Pialoux – Infectiologue

Ce mois-ci, le Pr Pialoux a choisi un article d’alerte du MMWR, revue épidémiologique du CDC américain pour deux raisons [1]. La première est que le 3 juillet est l’anniversaire de la première publication sur des malades du Sida en 1981.  La seconde est qu’on peut avoir en France un discours scientifique sur la maladie de Lyme dépassionné.

La publication du MMWR est un message d’alerte sur 5 cas cliniques suite à un diagnostic de maladie de Lyme chronique, un diagnostic qui justement ne fait pas consensus. La publication rappelle que beaucoup de thérapeutiques ont été essayées : thérapeutique hyperbare, peroxyde d’hydrogène,  gel colloïdal d’argent, greffes de cellules souches et cures d’antibiotiques au long cours.

Dans cet article, cinq cas de complications sévères parfois létales de ces antibiothérapies au long cours sont rapportés, dont trois, sélectionnés par le Pr Pialoux qui concernent des femmes jeunes. Ces personnes ont eu plusieurs cures d’antibiothérapie per os puis IV, à partir de sérologies parfois discutables.

« C’est une problématique majeure car ce diagnostic de maladie de Lyme chronique est critiqué d’une part  et que, d’autre part, plusieurs études n’ont pas montré le bénéfice de l’antibiothérapie prolongée » souligne le Pr Pialoux. Il cite notamment la publication en mars 2016 dans le New England Journal of Medicine[2] d’un premier essai randomisé chez 281 patients étiquetés avec une maladie de Lyme chronique. Tous ces patients avaient été traités par une cure de 2 semaines de ceftriaxone IV avant randomisation en 3 groupes :

  • placebo

  • doxycycline

  • clarythromycine + hydroxychloroquine

L’étude n’a montré aucune différence significative entre le groupe placebo et les deux groupes actifs à l’égard des symptômes raccrochés à une maladie de Lyme chronique.

Le débat scientifique se poursuit. La précédente ministre de la sante avait émis un tableau de bord de la recherche sur la maladie de Lyme, concernant notamment les diagnostics, la réponse immune et l’éventualité de formes chroniques. Pour l’instant, on reste sur cette vigilance accrue du CDC suite à des diagnostics portés probablement par excès avec des antibiothérapies dont les effets s’avèrent particulièrement délétères pour des patients jeunes.

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