Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue
La Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) vient de mettre à jour ses recommandations sur le paludisme [1].
Sur Medscape France, le Pr Perronne consacre trois vidéos à ces recommandations. La première porte sur les données épidémiologiques récentes et les méthodes diagnostiques.
En quelques années l’incidence mondiale du paludisme a diminué de 41%, et la mortalité de 62%. Mais on observe en parallèle l’émergence de moustiques résistants aux insecticides, et des plasmodia résistants aux antipaludiques, y compris les associations les plus récentes, à base d’artémisinine.
En France cependant, c’est paradoxalement une augmentation du paludisme d’importation qui a été observée entre 2011 et 2015, et une augmentation des formes graves. 95% des cas importés proviennent d’Afrique sub-saharienne.
Dans les DOM en revanche, le paludisme a beaucoup régressé en Guyane, et il est en voie d’élimination à Mayotte.
Le diagnostic doit être évoqué devant toute fièvre au retour d’une zone d’endémie, même lorsqu’une chimioprophylaxie a été prise.
La prise en charge est possible en ambulatoire, mais à certaines conditions :
en l’absence de signe de gravité ;
si le malade n’est pas seul ;
s’il ne vomit pas ses médicaments ;
et si un suivi médical est possible.
Les critères d’hospitalisation sont le jeune âge, l’âge avancé, la grossesse, ou un antécédent de splénectomie.
Les critères de gravité devant conduire à l’hospitalisation immédiate, souvent en réanimation, sont maintenant bien codifiés :
la somnolence ;
la désorientation ;
les troubles de la conscience ;
la gêne respiratoire ;
la baisse de PA ou des signes d’insuffisance circulatoire ;
des hémorragies ;
un ictère ou une bilirubinémie > 50 µmol/L ;
une anémie sévère, avec Hb < 7 g/dL ;
une hypoglycémie < 2,2 mmol/L ;
une acidose ;
une hyperlactatémie ;
une insuffisance rénale avec créatininémie > 265 µmol/L ;
une parasitémie > 4%.
Le diagnostic biologique repose sur l’association d’une technique sensible, soit la goutte épaisse, soit le QBC (quantitative buffy coat), soit encore une technique de biologie moléculaire à réponse rapide. Celle-ci doit toujours être associée à un frottis mince, qui permet d’évaluer la parasitémie et d’identifier l’espèce de Plasmodium.
Le résultat doit être rendu dans les deux heures.
Une alternative un peu moins sensible est l’association d’un test de diagnostic rapide recherchant l’antigène HRP2, spécifique de Plasmodium falciparum, et d’un frottis mince. En cas de négativité, il faut refaire le test 12 à 24 heures plus tard.
Enfin, certain laboratoires de référence peuvent effectuer une PCR.
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Citer cet article: Recommandations paludisme : 1-épidémiologie et diagnostic - Medscape - 13 juil 2017.
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