11 vaccins obligatoires au lieu de 3 : les pour et les contre

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

5 juillet 2017

Paris, France — La nouvelle ministre de la santé Agnès Buzyn est-elle en passe de réaliser le dernier vœu de sa prédécesseur Marisol Touraine ? Au moment de la passation de pouvoir, sur le perron du ministère de la santé Avenue Duquesne, l’ex-Ministre de la Santé avait en effet appelé la nouvelle tenante du titre à légiférer sur l’obligation vaccinale étendue à 11 vaccins, contre trois actuellement (voir encadré).

Dix enfants morts de la rougeole en 2008

Dans un entretien au Parisien du 16 juin dernier, la nouvelle ministre de la Santé a ressuscité ce débat, en semblant accorder sa préférence à l’obligation vaccinale de 11 vaccins. « Aujourd’hui seuls trois vaccins infantiles sont obligatoires (diphtérie, tétanos et polio). Huit autres*, dont la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole, sont seulement recommandés […] Cela pose un problème de santé publique », commence la ministre. Car, constate-t-elle, la rougeole réapparait, et dix enfants en sont morts en 2008. Or, en l’espèce, la vaccination contre la rougeole est seulement recommandée et le taux de couverture n’est que de 75%. Le même problème se pose avec la méningite. « Nous réfléchissons donc à rendre obligatoire les onze vaccins pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans », déclare-t-elle.

*polio, tétanos, diphtérie, coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C.

Le débat entre les anti et les pro est relancé

L’obligation vaccinale pourrait également être appliquée aux professionnels de santé. Il n’en fallait pas plus pour relancer la polémique entre les anti-obligation vaccinale et les pro. Le Conseil scientifique du collège national des généralistes enseignants (CSCNGE) fait partie des opposants à l’obligation vaccinale. Pour lui, cette mesure est « une réponse simpliste et inadaptée ». Car pour ces enseignants de médecine générale, « il est à craindre que son caractère autoritaire renforce la défiance et la suspicion d’une partie croissante de la population. Elle risque d’exposer les médecins généralistes et d’autres professionnels de santé à des demandes nombreuses et non fondées d’exemption, voire de soi-disant contre-indications ». Plutôt qu’une obligation vaccinale, le CSCNGE « pense qu’une large campagne d’incitation portée conjointement par les professionnels de santé et les pouvoirs publics, en impliquant les usagers aurait un impact plus important et plus durable ». Par ailleurs, le conseil scientifique des enseignants généralistes préconise aussi de veiller à la disponibilité des différents types de vaccins dont les difficultés d’approvisionnement handicapent fortement le travail des professionnels ».

Il est à craindre que son caractère autoritaire renforce la défiance et la suspicion d’une partie croissante de la population CSCNGE

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