Votre livre a-t-il provoqué des réactions au niveau institutionnel ?
Dr Valérie Auslender : Aucune. Il n’y a pas eu de positionnement officiel des institutions, quelles qu’elles soient, sur les faits rapportés dans le livre. Ce non-positionnement est d’ailleurs en soi un positionnement. L’explication tient au corporatisme, à la peur du changement, de devoir revoir tout le système. Le Pr Didier Sicard parle pourtant du livre et de ce qu’il révèle comme d’une «véritable bombe». J’ai reçu des soutiens, mais toujours individuels, de la part d’étudiants, de médecins du travail et de quelques cadres de santé. Néanmoins, les choses ont bougé très vite et j’ai été contactée par de nombreuses personnes qui travaillent sur le sujet.
Très concrètement, comment comptez-vous agir pour changer les choses ?
Dr Valérie Auslender : Je m’apprête à lancer, avec l’association SPS (Soins aux professionnels de santé), une campagne de communication et de sensibilisation à destination des étudiants en médecine victimes de maltraitances pour faire connaître un numéro vert (N° : 0805 23 23 36). J’ai aussi été contacté par l’association Les amis de Jean-Louis Megnien car le harcèlement moral peut concerner tous les professionnels de santé du système hospitalier dans son fonctionnement hiérarchisé. Il importe de mutualiser les actions, de dénoncer systématiquement et collégialement les maltraitances, car il règne une véritable omerta, à laquelle vient s’ajouter l’absence de soutien de la hiérarchie. Et il faut surtout condamner les agresseurs car, en l’absence de contre-pouvoir et tant qu’il y aura une totale impunité du phénomène – banalisé depuis des décennies et qui s’est aggravé avec le tournant gestionnaire –, celui-ci perdurera, avec les conséquences extrêmement délétères que l’on connaît.
Ces maltraitances sont-elles généralisées ?
Dr Valérie Auslender : Absolument pas. Si, du fait des « us et coutumes », on assiste à une banalisation de l’humour sexiste, le phénomène n’est pas généralisé et il y a encore, et heureusement, des cadres et des professionnels de santé pédagogues et qui enseignent leur métier avec passion et humanité en dépit d’une indéniable dégradation des conditions de travail.
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Citer cet article: Etudiants victimes de violences psychologiques à l’hôpital : cette réalité « tue » - Medscape - 28 juin 2017.
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