Epreuves d’internat (ECNi) : le retour du cauchemar

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

23 juin 2017

Paris, France — Ce devait être un traumatisme enfoui à jamais dans la mémoire collective des internes en médecine. Mais voilà qu’il resurgit, à l’orée des épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) de 2017 : les ratés et les épreuves ré-itérées sont de retour. Des cafouillages majeurs dans l’organisation ont en effet obligé près de 8466 internes à devoir recommencer deux épreuves entre le 19 et le 22 juin dernier. De quoi réveiller le cauchemar des ECNi blanches de 2015 et 2016.

« Bugs » informatiques à répétition

Conséquence de la réforme des ECN de 2013 : les étudiants doivent désormais passer leurs examens sur support informatique. Les premières épreuves tests ont démarré il y a deux ans, mais pour le premier vrai test national, fin décembre 2015, les serveurs informatiques n’avaient pas supporté la charge, et l’application s’était mise à boguer. En mars 2016, rebelote. Des difficultés techniques ont amené les pouvoirs publics à repousser certaines épreuves blanches. En juin 2016, finalement, les vraies épreuves s’étaient déroulées sans encombre.

Coquilles et bugs techniques : chaude ambiance sur twitter

Comme souvent, chez les internes, l’alerte a été donnée via les réseaux sociaux, en particulier sur le réseau de micro-blogging Twitter. Sur le compte de Robin Jouan, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF), on relevait des inquiétudes dès le 18 juin : problèmes d’inondation de serveurs à Besançon… vite résolu. Mais c’est à partir du 21 juin que la situation se corse. Dans un communiqué relayé sur son compte Twitter, l’ANEMF s’insurge contre une première annulation d’épreuves classantes (ECNi); « Le jury annonçait aux 34 centres d’examens des ECNi 2017 que l’épreuve de lundi (19 juin, NDLR) était annulée, provoquant la reconvocation automatique des étudiants à une nouvelle épreuve le surlendemain (22 juin, NDLR). » En cause : la réintroduction dans la banque de dossiers cliniques d’une épreuve test de 2016, et qui est justement celle qui a été tirée au sort ! Situation d’autant plus ubuesque que quelques semaines auparavant ce sont les étudiants en odontologie qui avaient été convoqués à nouveau pour une situation similaire. Face à cette surcharge de travail, néanmoins, les étudiants ont reçu le soutien de la conférence des doyens de médecins « extrêmement préoccupés par les éléments qui ont amené le jury national à décider de refaire une épreuve des ECNi de lundi après-midi en convoquant tous les candidats à une épreuve de rattrapage le jeudi 22 juin ». Puis celui du Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM).

Les syndicats s’en mêlent

Nouveau raté dans la foulée le 21 juin, amenant lui aussi à une nouvelle convocation. Cette fois-ci, un des sujets proposés de l’épreuve de rhumatologie a déjà été traité à l’occasion d’une conférence de préparation d’une des 37 UFR de médecine de France. « Quand des professeurs des universités, censés encadrer ces mêmes études sont incapables de produire des dossiers cliniques de novo pour un concours ayant de tels enjeux, comment croire une seule minute de plus en leur capacité de discernement entre ce qui doit relever de la compétitivité saine et amicale entre les facultés et l’élitisme malsain qui ronge notre profession ? » se demande l’ANEMF.

Face à ces deux échecs, l’ANEMF a invité les étudiants à se mobiliser et a demandé d’ores et déjà à être reçu par Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Dans la foulée, le Syndicat national des jeunes médecins généraux (SNJMG) s’est fendu d’un communiqué, appelant lui aussi les pouvoirs publics à réagir : « ll est donc difficile de comprendre et encore plus d'excuser les problèmes que les étudiants rencontrent depuis lundi. Au-delà des multiples coquilles et bugs techniques dans la présentation des sujets des ECNi 2017, comment ne pas être scandalisé par ces grossières erreurs de sélection des dossiers proposés aux étudiants ? Et sans parler de correction de dossier non conforme aux recommandations (traitement de l’Helicobacter pylori) ni de la canicule éprouvant les étudiants qui n'ont pas tou(te)s la chance de composer dans des salles climatisées (un autre type de rupture d'égalité)… ».

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