Paris, France -- Principalement portée par des non urgentistes – avec à leur tête le Pr Bruno Riou, urgentiste et doyen de l'université Pierre-et-Marie-Curie– la réforme du DES de médecine d’urgence a été un sujet phare du congrès Urgences 2017 . Si les sessions sur le sujet montraient l’enthousiasme des jeunes générations, en « off » et dans les couloirs, c’est plutôt la crise de vocation des PH – avec un nombre record de demande de mise en disponibilité – qui retenait l’attention des urgentistes moins juniors.
Une formation polyvalente
« Le DES de médecine d’urgence en 4 ans a été acté à l’occasion de la réforme du troisième cycle. Désormais, ce seul diplôme est nécessaire et suffisant pour la qualification et l’exercice de la spécialité », explique le Pr Bruno Riou (Paris).
« Comme toutes les autres spécialités, la médecine d’urgence sera enseignée en 3 phases :
-La phase socle avec un stage de 6 mois en service d’urgence et un en médecine (interne, gériatrie, aval des urgences).
-La phase d’approfondissement avec un stage en service d’urgence pédiatrique, un stage au SAMU-SMUR, un stage en réanimation ou unité de soins intensifs et un stage libre.
-La phase de consolidation avec un stage en service d’urgence et un en SAMU-SMUR.
La moitié des stages au moins devra être effectuée en CHU, au moins un stage sera réalisé hors CHU et un passage de 3 mois sera obligatoire dans un centre CCRA15.
Les lieux de stages possibles ont déjà été sélectionnés en se fondant sur le nombre d’appels pour les SAMU (50 000 dossiers), le nombre de sorties pour les SMUR (au moins 1 500 primaires) et le nombre de passage pour les services d’urgences (au moins 25 000 avec une polyvalence, 15 % d’hospitalisation et accès à un service d’hospitalisation de courte durée). Une attention particulière a été portée sur l’implication pédagogique avec la mise en avant d’un encadrement académique et de réunions pluridisciplinaires ».
L’Europe ouverte aux urgentistes
Quels sont les avantages à la mise en place du DES de médecine d’urgence ? Pour le Pr Riou, « chaque année, des postes dont le nombre est sanctuarisé – et ne pourra être modifié – sont mis au choix des ECNi. Pour l’année 2017, le nombre de postes a été fixé à 489, alors que les besoins exprimés étaient de 503 ».
Cette réforme permet aussi une harmonisation de la spécialité en Europe : désormais les urgentistes français pourront exercer partout dans l’Union et les Européens pourront venir s’installer en France.
Pour le Pr Riou, « c’est un aboutissement, une reconnaissance après 30 ans de lutte. Mais ce n’est pas non plus la garantie du bonheur ».
La crise du PH aux urgences
Effectivement, de nombreuses questions se posent : que vont par exemple devenir les urgentistes actuellement en poste ? Leur qualification sera-t-elle reconnue par l’Ordre de façon systématique ? Les postes mis au concours des ECNi trouveront-ils preneurs ? Et si oui, à quel rang ? La « crise des PH » va-t-elle connaître une fin ?
En région Ile de France, par exemple, en 2017, 50 postes de Praticien Hospitalier (PH) étaient disponibles. Au cours des 12 derniers mois dans cette même région, entre 50 et 100 PH d’Urgences ont demandé une mise en disponibilité. Et ceux qui demandent cette opportunité sont de plus en plus jeunes.
Quelles sont les raisons invoquées ?
Un travail déstructurant, une perte de sens du métier, une carrière dans l’impasse avec l’âge qui avance, une incompréhension des dirigeants (hospitaliers et politiques) quant au monde de l’urgence.
Certes, les salaires ont été revalorisés, le temps de travail adapté… Mais ce que les urgentistes mettent désormais en avant ce sont leurs conditions de travail. Ils ne veulent plus être « le fusible de la paix sociale », « l’esclave de directeurs d’hôpitaux qui imposent de recevoir tous les patients mais qui n’en donnent pas les moyens », « le prescripteur au service de patients pour qui la santé est un acquis mais qui ne respectent pas le système, le personnel et ont recours de façon parfois immotivée aux urgences ».
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Citer cet article: DES urgences : la spécialité c’est fait, mais l’attractivité, on en est loin - Medscape - 29 juin 2017.
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