Maladie de Parkinson et cholestérol : une étude relance le débat

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

23 juin 2017

Vancouver, Canada — Selon une équipe israélienne, un cholestérol total et un LDL-C élevés sont des facteurs protecteurs vis-à-vis de la maladie de Parkinson chez les hommes. Ce résultat a fait l’objet d’un poster, présenté lors de l’International Congress on Parkinson’s Disease and Movement Disorders (4-8 juin 2017, Vancouver) [1].

L’accroissement du risque de maladie de Parkinson dans les tertiles de cholestérol moyen et élevé, reste assez modeste. Il n’en reste pas moins que « l’approche clinique visant à réduire systématiquement un cholestérol élevé peut masquer ses éventuels bénéfices chez certains patients » a souligné le dernier auteur, le Dr Chava Peretz (Université de Tel-Aviv) auprès de Medscape International. « Il est important d’individualiser les stratégies thérapeutique en fonction de son risque personnel et de ses antécédents ».

L’approche clinique visant à réduire systématiquement un cholestérol élevé peut masquer ses éventuels bénéfices chez certains patients.

Une hypothèse déjà soulevée

L’hypothèse d’une relation entre cholestérol et maladie de Parkinson remonte à une douzaine d’années. Elle a été explorée notamment par le Dr Xuemei Huang (Pennsylvania University) qui a présenté en 2005 à l’American Academy of Neurology des données montrant une plus faible prévalence de maladie de Parkinson chez les sujets présentant un cholestérol élevé. Ces résultats portant sur moins de 250 patients, ont été publiés en 2007.

Interrogé par Medscape International, le Dr Huang signale d’ailleurs que ses données ont initialement été refusées par les grandes revues : « je pense que c’est en grande partie parce que notre hypothèse allait contre l’image de médicament-miracle des statines », relève-t-il.

En 2006, une équipe néerlandaise avait toutefois, elle aussi, publié des données de la Rotterdam Study , montrant une association inverse entre cholestérol et Parkinson. Cette fois il s’agissait de données prospectives, portant sur 6500 sujets. Une relation dose-effet était même signalée. Problème cependant : l’association n’était observée que chez les femmes – alors qu’elle ne concernerait que les hommes selon le travail israélien.

Encore une fois, un signal

La nouveauté de ce travail tient à trois aspects.

D’abord l’effectif : les données analysées concernent 262.000 sujets de 40 à 79 ans, enregistrés par le Maccabi Healthcare Center (qui couvre 25% de la population) entre 1999 et 2012. Ensuite, le fait que ces sujets ne prenaient pas de statine, et que l’on parle donc bien d’une relation cholestérol-Parkinson. Enfin, le fait que des dosages du cholestérol total, du LDL-C et du HDL-C ont été effectués chaque année.

La population a été stratifiée en tertiles de cholestérol total ( >210 mg/dL ; 180-209 mg/dL ; < 180 mg/dL), et de LDL-C (>140 mg/dL ; 110-139 mg/dL ; < 110 mg/dL). L’incidence de la maladie de Parkinson a été évaluée annuellement, d’après la consommation de médicaments.

Durant un suivi moyen de 7,9 ans, une maladie de Parkinson a été diagnostiquée chez 0,3% des participants de 40 à 64 ans, et 3,3% des participants de 65 ans ou plus.

Chez les hommes, par rapport au tertile inférieur de cholestérol total, le risque de maladie de Parkinson était moindre dans le tertile moyen (RR=0,91 ; IC95%[0,83-1,04]), et dans le tertile supérieur (RR=0,86 ; [0,77-0,96]).

On retrouve ce schéma pour le LDL-C : RR=0,90 ; [0,82-0,99] et RR=0,86 ; [0,76-0,97].

Enfin, aucune association significative n’apparait chez les femmes, contrairement à l’étude néerlandaise, et aucune association n’est retrouvée avec le HDL-C.

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