POINT DE VUE

Quels sont les nouveaux traitements oraux adjuvants dans le diabète de type 1?

Pr Alfred Penfornis, Pr Bertrand Cariou, Pr Guillaume Charpentier

Auteurs et déclarations

22 juin 2017

Pr Bertrand Cariou —  … et une diminution de la pression artérielle via l’effet SGLT2 ; quelques rares cas d’acidocétose, puisqu’on sait que le risque de décompensation cétosique est un problème avec les inhibiteurs de SGLT2 — notamment quand il y a une insulinopénie ; il y en a eu très peu et elles n’ont pas conduit, quand elles sont survenues, à l’arrêt du traitement. Et puis, une tolérance digestive, puisque c’était la vraie question avec les inhibiteurs de SGLT1 — on se rappelle tous la phlorizine, qui était un inhibiteur complet SGLT1/SGLT2, mais qui avait une tolérance digestive extrêmement médiocre, puisque l’inhibition de SGLT1 était trop forte. Mais là, il n’y a pas eu de cas rapportés de diarrhée ou d’inconfort intestinal.

Pr Alfred Penfornis —   Alors un peu plus, mais en fait cela n’a pas conduit à l’arrêt du traitement en tous les cas. Ils avaient pris aussi un critère secondaire, qui est un critère composite, où ils regardaient le pourcentage de patients dont l’hémoglobine glyquée était en dessous de 7 sans cétoacidose et sans hypoglycémies sévères, et on en a deux fois plus : 44 % dans le groupe sotagliflozine 400 versus placebo. Donc, on a là une molécule qui semble extrêmement intéressante, en rappelant que dans une étude de phase 2, ils avaient fait aussi un CGM — alors là on a des CGM, mais on n’a pas encore les résultats — et ils montraient qu’on avait une augmentation de ce qu’on appelle maintenant le « time in range », donc sans augmentation des hypoglycémies et aux dépens des hyperglycémies.

Pr Guillaume Charpentier —  Mais avec un peu plus de cétoses quand même de temps en temps.

Pr Alfred Penfornis —    Il faudra être très vigilant parce qu’il y a un risque, avec une particularité pour ces acidocétoses, c’est qu’elles surviennent souvent pour des glycémies qui sont inférieures à 250 mg/dL, donc je pense que l’éducation de nos patients — si jamais cette molécule arrive sur le marché — devrait être primordiale, pas devant les hypers, mais devant des symptômes de cétose.

Pr Bertrand Cariou —  Et avec un effet extrêmement combiné dans les études. On voyait que dès qu’il y avait un jeûne un peu prolongé, donc surtout le matin parce qu’il avait un effet un peu synergique à la fois du jeûne et puis de l’inhibition SGLT2 — on en discutait tous autour de la table ici — qu’il y avait vraiment une efficacité, un ressenti des patients, parce que là les chiffres bruts des rendus, des études randomisées, surtout en l’absence des données de variabilité glycémique (on était en double aveugle)… mais certains patients diabétiques de type 1 ont été extrêmement améliorés avec un ressenti extrêmement bénéfique, qu’on a « rarement vu sur ce type d’étude ».

Pr Alfred Penfornis —    Je suis d’accord. J’ai eu le même retour des patients qu’on a inclus à Corbeil, avec des patients qui disaient qu’ils n’avaient jamais connu ça en 30 ans diabète, au niveau de la stabilité…

Pr Guillaume Charpentier — Donc, on savait très bien qui avait le placebo, qui ne l’avait pas, quoi…

Pr Alfred Penfornis —    On savait facilement qui avait le placebo, qui ne l’avait pas, effectivement. On attend les résultats du CGM pour voir si, effectivement, cela se confirme qu’il y a aussi une diminution de la variabilité, qui est un grand problème dans le diabète de type 1 et puis on espère qu’on pourra bénéficier de ces molécules, pourquoi pas, bien entendu, avec la boucle fermée, ce qui ne fera qu’encore améliorer les choses très certainement.

Liraglutide : études danoises sur l’efficacité et la sécurité

Pr Alfred Penfornis —  Et puis, il y a eu un travail sur une population beaucoup plus courte avec le liraglutide, agoniste du récepteur du GLP-1, mais comme tu le disais, il y a quelques études, danoises en particulier, qui étaient un peu décevantes : il y avait une petite diminution de l’hémoglobine glyquée lors des congrès précédents, mais avec plus d’hypos sévères et donc cela avait un peu été abandonné. Mais, les Danois sont tenaces, ils sont revenus avec une étude originale [3, 4, 5]. C’est-à-dire qu’en fait, ce sont des patients diabétiques de type 1 traités par pompe à insuline bien sûr, avec un IMC au-dessus de 25. Donc ils avaient un IMC moyen, ils étaient autour de 30 kg/m2, 20 patients dans chaque groupe — placebo versus liraglutide 1,8 mg — et là ils ont aussi mis en place une prévention des hypos en diminuant l’insuline au départ, ce qui fait que finalement on n’a pas plus d’hypoglycémies et on a un gain versus placebo de 0,8 point d’hémoglobine glyquée et une perte de poids très impressionnante aussi, puisqu’ils perdent plus de 6 kg (des patients qui étaient à 29-30 kg/m2 d’IMC). Alors, je pense que le liraglutide dans le type 1, ce n’est peut-être pas fini. Je me souviens une étude américaine d’il y a deux ans qui montrait sotagliflozine et liraglutide avec des courbes de CGMS qui étaient absolument impressionnantes. Donc, je pense qu’on aura sûrement encore des études s’il n’y a pas que l’insuline pour le diabète de type 1, manifestement.

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