Le rôle du médecin face aux violences conjugales

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

16 juin 2017

Ne pas forcer au dépôt de plainte

Cette question du dépôt de plainte est aujourd’hui centrale. C’est évidemment dans une unité médico-judiciaire (UMJ) que la victime de violence conjugale devrait logiquement être orientée et prise en charge. Mais l’admission en UMJ est en principe soumise au dépôt d’une plainte. Or, puisque « si tu portes plainte, je te tue », cette étape n’est bien souvent franchie que tardivement par la victime. Et comme le souligne Ernestine Ronai, « protéger n’est pas décider à la place de l’intéressé(e). D’une certaine manière, il s’agirait aussi d’une forme de viol ».

En dehors des cas d’urgence, dans lesquels il faut « conseiller à la patiente de se rendre dans les locaux des services de police ou de gendarmerie, ou encore d’appeler le 17 », comme l’indique l’Ordre sur son site, il peut se révéler parfaitement inapproprié de pousser la victime au dépôt de plainte.

Par ailleurs, en l’absence de plainte, la procédure de signalement n’est légitime que dans des situations très spécifiques : « juridiquement, le signalement n’est justifié qu’en cas de péril imminent et constant d’atteinte corporelle grave ou vitale », précise le Dr Gorgiard.

Ernestine Ronai recommande donc de « laisser ouverte la question du dépôt de plainte, mais de donner les contacts (notamment le numéro de téléphone 3919) puisque l’agresseur vise d’abord l’isolement de sa victime ».

Elle signale d’ailleurs qu’un certain nombre d’UMJ, conscientes du problème, admettent d’ores et déjà des patientes en l’absence de dépôt de plainte.

 

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