Le rôle du médecin face aux violences conjugales

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

16 juin 2017

Dans l’exercice, un chiffre est à garder à l’esprit : selon Natacha Henry, « 87% des femmes ne trouveraient pas indiscret, ni déplacé, qu’on pose la question de l’entente à la maison face à une fracture du poignet pour chute d’un escabeau ».

On note au passage que la question de l’entente à la maison, peut devoir être élargie. Si la majorité des violences surviennent au sein d’un couple établi, la loi définit la violence conjugale par l’intimité de la relation. Une relation de trente ans ou d’un jour, pèse autant. Et la violence d’un ex qui refait surface, c’est aussi de la violence conjugale.

On note également que face à une patiente ne parlant pas français, lorsqu’on devine avoir à faire à des violences conjugales ou lorsque celles-ci sont avérées, « il faut toujours prendre un interprète », insiste Ernestine Ronai. « La patiente peut présenter un proche parent qui comprend le français, mais on ne connait absolument pas les conflits de loyauté de ce parent ».

 
La violence d’un ex qui refait surface, c’est aussi de la violence conjugale.
 

« La loi l’interdit », « vous n’y êtes pour rien », « on va vous aider »

Naturellement, c’est par l’intermédiaire du réseau social et associatif, « qu’il faut connaitre », qu’un interprète pourra être trouvé. Le n° clé est le 3919 (Fédération Nationale Solidarité Femmes et soutenu par le Ministère chargé des droits des femmes).

Dans tous les cas, lorsque la violence est révélée, l’intervention commence par le rappel de trois notions fondamentales.

Premièrement, « la loi l’interdit ». Deuxièmement, « vous n’y êtes pour rien ; vous n’êtes nullement coupable ». Troisièmement, « on va vous aider ».

Une question peut également être pertinente : « êtes-vous en sécurité en rentrant à la maison ?»

Certificat médical systématique

Second aspect : le certificat médical. Le Conseil de l’Ordre en propose des modèles sur son site , de même que le site gouvernemental consacré aux violences conjugales.

Le Dr Charlotte Gorgiard (Unité Médico-Judiciaire, Hôtel-Dieu, Paris), souligne que « même si la personne ne demande pas de certificat, il faut en établir un et le joindre au dossier, en notant les douleurs et le retentissement psychologique, c’est à dire ce qui ne se voit pas ».

Attention : « Il ne faut jamais mentionner un auteur présumé des faits, et s’en tenir aux constats objectifs. Par ailleurs, il faut éviter l’emploi de termes ayant un sens juridique défini, comme le terme « harcèlement », et rapporter les propos de la victime dans les termes mêmes qu’elle a employés, sans interprétation ».

Enfin, en cas de viol, on peut procéder à des prélèvements de sperme et les conserver dans le frigo du service. « Même en l’absence de plainte initiale de la victime, la police viendra apposer des scellés sur les prélèvements lorsque la plainte sera déposée », note le Dr Gorgiard.

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