Le rôle du médecin face aux violences conjugales

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

16 juin 2017

Paris, France — Le congrès Urgences 2017 , de la Société Française de Médecine d’Urgence, a consacré une session aux violences conjugales [1]. De fait, que ce soit aux urgences, ou en ville, les professionnels de santé sont souvent les premiers interlocuteurs des victimes.

Il est évidemment bien rare que le motif de fond soit formulé d’emblée, la consultation étant demandée pour les motifs les plus divers : mal de dos, de ventre, problèmes gynécologiques, asthme,...

« Attention aussi aux idées suicidaires » a insisté Ernestine Ronai (Coordinatrice nationale « violences faites aux femmes » de la MIPROF) insistant sur la dimension psychologique de la violence. (On note que les violences psychologiques ne sont entrées dans le Code pénal qu’en 2010).

Les statistiques harmonisées par la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violence et la lutte contre la traite des êtres humains) chiffrent à 122 le nombre de femmes tuées en 2015. A quoi s’ajoutent 22 morts d’homme et 35 morts d’enfants, tués dans le cadre de violence de couples. Au total, on dénombre quelques 223.000 cas graves par an, chiffre certainement largement sous-estimé.

 

Sur un autre plan, le coût lié aux violences conjugales est évalué à 3 milliards 600 millions d’euros par an. A comparer aux 27 millions du budget des droits des femmes, note Ernestine Ronai (MIRPOF). « C’est un débat politique ; il faut un vrai budget ».

En 2016, un 5ème plan contre les violences faites aux femmes a été lancé, sous le ministère de Laurence Rossignol. Ce plan met l’accent sur les femmes jeunes, pour lesquelles il existe peu de capacité d’accueil, sur les enfants, et enfin sur la ruralité, puisque, selon le mot d’Ernestine Ronai, « c’est encore plus compliqué quand il n’existe pas de transports en commun ».

Repérage : « personne n’a la tête de l’emploi »

Les intervenants ont insisté sur deux aspects : le repérage des violences conjugales en consultation, et la délivrance systématique d’un certificat médical.

S’agissant du repérage, « personne n’a la tête de l’emploi », résume Ernestine Ronai (MIPROF). En termes de diversité sociale notamment, il faut être conscient du biais de recrutement que donnent à voir les foyers d’accueil.

Evidemment, l’enquête n’est pas simple à faire tenir dans une consultation de 10 minutes. « Donc il faut savoir tendre des perches », indique Natacha Henry (gendercompany.com).

Typiquement – « Ce bleu que vous avez au front, c’est bien en vous cognant contre la hotte que vous vous l’êtes fait ? » Etc…

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