Lisbonne, Portugal — Les femmes présentant un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou syndrome de Stein-Leventhal sont-elles plus à risque d'événements cardiovasculaires? Et si oui, quelle prévention mettre en place? Ces questions ont été au cœur d'un débat, organisé au 19ème congrès européen d'endocrinologie (ECE), entre deux endocrinologues, les Drs Harpal Randeva (Hôpital universitaire de Coventry, Royaume-Uni) et Enrico Carmina (Université de Palerme, Italie) [1,2].
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un trouble hormonal caractérisé par un excès d'androgènes, qui se traduit notamment par la présence de plusieurs petits kystes – des follicules immatures – dans le pourtour des ovaires. Il touche entre 10 à 15% des femmes en âge de procréer.
Un risque multiplié par deux
Outre les signes cliniques liés à un taux anormalement élevé de testostérone (aménorrhée, acné, hirsutisme…), les femmes souffrant d'un SOPK développent plus fréquemment un diabète, une obésité ou une hypercholestérolémie. Elles sont donc potentiellement exposées à un risque accru de maladie cardiovasculaire.
Le sur-risque cardiovasculaire observé chez ces femmes est-il pour autant lié au trouble hormonal en lui-même? C'est la question de fond posée, lors de l'un de ces débats organisés à l'occasion du congrès, intitulé: « le risque cardiovasculaire est-il augmenté chez les femmes avec un SOPK? ».
Premier constat rapporté par le Dr Randeva: « les trois-quarts des femmes présentant un SOPK ont un problème de surpoids et, dans plus de la moitié des cas, il s'agit d'une obésité de type androïde ». Or, l’obésité, en particulier lorsqu’elle est abdominale, est un facteur de risque de diabète et de complications vasculaires.
Selon une méta-analyse, le risque d'événement cardio-vasculaire observé chez ces femmes est multiplié par deux [3], comparativement aux femmes sans syndrome. Toutefois, l'ajustement sur l'indice de masse corporelle (IMC) n'a pas modifié ce résultat de manière significative, ce qui suggère une faible corrélation avec l’obésité.
Signes précoces d’athérosclérose
Pour le Dr Randeva, il apparait indéniable, en considérant les données de la littérature, que le risque cardiovasculaire est augmenté. Pour alimenter le débat, il cite pour cela les résultats de plusieurs études, auxquelles a participé le Dr Carmina, sensé ensuite apporter une contre argumentation.
Dans l'une d'entre elles, ont été recensés les facteurs de risque cardiovasculaires retrouvés chez les femmes avec SOPK [4]. Elle conclut que le risque est élevé chez les femmes présentant une obésité, un tabagisme, une dyslipidémie et une hypertension. Il devient très élevé en cas de syndrome métabolique.
Dans une autre étude, présentée par le Dr Randeva, Enrico Carmina souligne que « les femmes jeunes avec SOPK ont un risque cardiovasculaire accru, en raison d'une obésité abdominale, d'une insulinorésitance et d'un excès d'androgène. De plus, elles présentent une dysfonction endothéliale et des signes précoces d’athérosclérose[5]. »
Au cours de son intervention, le Dr Carmina n’a effectivement pas contesté ce sur-risque, mais, selon lui, il doit être considéré, en tenant compte de l'âge de la patiente. Car les études montrent que, comparativement à la population générale, « les femmes avec SOPK ont un risque cardiovasculaire en baisse à l’approche de la quarantaine ».
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Citer cet article: Syndrome des ovaires polykystiques : quel risque cardiovasculaire ? - Medscape - 6 juin 2017.
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