Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) vient d’émettre de nouvelles recommandations sur la vaccination méningococcique [1].
Jusqu’à présent, « en France, la prévention vaccinale des infections invasives à méningocoques Cest un échec cuisant », souligne le Pr Perronne. « Le contraste est frappant avec des pays comparables, tels que la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, où les cas d’infections invasives à ménigocoque C sont devenus rares, grâce à une couverture vaccinale élevée, ayant permis l’instauration d’une immunité de groupe ».
En France, « depuis l’introduction de la vaccination en 2010, on a malheureusement noté une augmentation des cas d’infection invasive à méningocoque C chez les nourrissons de moins de 1 an, qui auraient dû bénéficier de l’immunité de groupe des sujets éligibles à la vaccination, c’est-à-dire les enfants plus âgés, les adolescents et les jeunes adultes », poursuit le Pr Perronne.
Les pays où la vaccination a été une réussite de santé publique sont ceux où la vaccination a bénéficié d’une campagne de promotion institutionnelle. Et le Pr Perronne note à ce propos « le rôle très positif de la vaccination dans les écoles, qui malheureusement ne se pratique plus en France ».
Devant ce constat « navrant », le HCSP a donc émis un avis rappelant l’impérieuse nécessité d’une augmentation de la couverture vaccinale contre le méningocoque C, et recommande l’administration d’une dose de vaccin pour tous les sujets âgés de 1 à 24 ans.
En attendant la constitution d’une immunité de groupe significative, le HCSP recommande également, « à titre transitoire » et pour protéger les nourrissons qui sont aujourd’hui les premières victimes de l’infection, l’administration d’une première dose de vaccin méningococcique conjugué C NeisVac® (Pfizer), suivie d’un rappel à 12 mois. « Le choix de ce vaccin est lié à l’AMM », précise le Pr Perronne.
Pour les sujets à haut risque d’infection invasive à méningocoque C, notamment les sujets présentant un déficit en complément, une asplénie anatomique ou fonctionnelle, les drépanocytaires, les sujets traités par l’éculizumab (Soliris®, Alexion), les sujets ayant subi une greffe de cellules souches hématopoïétiques, le HCSP recommande une injection de vaccin méningococcique tétravalent conjugué A, C, W, Y tous les cinq ans.
Méningococcies urogénitales
« Le renforcement de la vaccination antiméningococcique est d’autant plus important que l’on voit apparaitre chez les homosexuels masculins, dans différents pays, des méningococcies urogénitales impliquant des souches invasives, capables de passer dans le sang », indique le Pr Perronne. « Ce phénomène nouveau est lié à la forte recrudescence des IST parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Les méningocoques ont échangé du matériel génétique avec les gonocoques, laissant craindre la diffusion par voie urogénitale de souches de méningocoques qui pourraient avoir acquis des gènes de résistance aux antibiotiques, fréquents chez les gonocoques ».
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Citer cet article: Méningocoque C : protéger les nourrissons dès 5 mois - Medscape - 29 mai 2017.
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