Arthrose du genou : trop d’infiltrations de corticoïdes détruirait le cartilage

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

23 mai 2017

Paris, France— Instaurer un traitement de fond des douleurs arthrosiques du genou par des infiltrations de corticoïdes tous les 3 mois détruirait le cartilage, selon un essai randomisé contrôlé de 2 ans publié dans le JAMA[1].

« Bien que dans cette étude la perte de cartilage n’ait pas été associée à une aggravation des symptômes, elle a, dans des études précédentes, été associée à une augmentation du taux d’arthroplasties, ce qui pose la question de possibles effets secondaires à long terme », indiquent les auteurs de l’étude, le Pr Timothy E. McAlindon (Tufts Medical Center, Boston, Etats-Unis).

Pour les chercheurs, ces nouvelles données ne sont donc « pas en faveur des infiltrations de corticoïdes chez les patients atteints de gonarthrose symptomatique. »

Pr Francis Berenbaum

Interrogé par Medscape édition française, le Pr Francis Berenbaum (Université Pierre et Marie Curie, AP-HP hôpital Saint-Antoine, Service de rhumatologie, Paris) tire un enseignement différent de ces résultats. Il souligne qu’en pratique, les rhumatologues ne réalisent pas d’infiltrations aussi systématiquement. « Je n’ai même pas un seul patient à qui j’ai fait une infiltration tous les 3 mois pendant deux ans, ce qui est fait dans l’étude », précise-t-il. « Ces données confirment qu’il n’y a aucun intérêt à infiltrer ces patients aussi régulièrement, en traitement de fond. Mais, elles ne remettent en aucun cas en cause l’efficacité des infiltrations pour soulager la douleur au moment d’une poussée inflammatoire d’arthrose, en cas de douleur brutale avec épanchement », indique le rhumatologue.

 
Ces données confirment qu’il n’y a aucun intérêt à infiltrer ces patients aussi régulièrement.
 

Un protocole de traitement de fond par infiltrations

Dans ce travail, les chercheurs ont inclus 140 patients de 58 ans, en moyenne, souffrant d’une gonarthrose symptomatique avec synovite, identifiée par échographie. Entre février 2013 et janvier 2015, les patients ont été randomisés pour recevoir des infiltrations de 40 mg de triamcinolone ou de solution saline (placebo) tous les 3 mois pendant 2 ans.

Les données sur le volume du cartilage et la structure des tissus mous ont été obtenues par IRM au début et à la fin de l’étude.

Les corticoïdes associés à un doublement de la perte de cartilage

Contre toute attente, alors que les chercheurs s’attendaient plutôt à constater un bénéfice structural en raison de l’action anti-inflammatoire des corticoïdes, ils ont observé que les patients qui recevaient la triamcinolone avaient perdu près de 2 fois plus de cartilage que ceux du groupe placebo (-0,21 mm d’épaisseur de cartilage versus -0,1 mm). Aucun autre signe de progression de l’arthrose n’a pu être détecté structurellement ou cliniquement.

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