Zika : l’immunité contre la dengue booste l’infection

Roxana Tabakman

29 mai 2017

Une dissémination rapide du VZIK due à l’immunité persistante à la dengue ?

Chez l’humain adulte, la tendance est que l’infection par le Zika produit une maladie relativement bénigne, ce qui, selon le Pr Schatzmann Peron, ne constitue pas une contradiction, étant donné que l’exacerbation de la maladie ne signifie pas que l’état du patient va se détériorer, « c’est simplement la biologie du Zika qui est différente. L’individu aura une quantité de virus plus élevée, car le VZIK entrera dans la cellule et se répliquera plus précocement, atteignant des charges virales plus élevées. Mais il se peut que celles-ci soient prises en charge par la réponse du patient. »

« Nos résultats suggèrent qu’il est possible que l’immunité persistante à la dengue ait contribué à la dissémination rapide du VZIK dans la région des Amériques, possiblement en association avec la virémie accrue et les symptômes cliniques, y compris la microcéphalie », concluent les auteurs.

« Nous ne savons pas encore quel est l’effet sur le fœtus », a reconnu l’un des participants de l’étude, l’espagnol Adolfo García-Sastre, professeur à l’Icahn School of Medicine, dans une interview à Medscape. « Nos prochains travaux seront chez des souris femelles enceintes. Il est aussi important, maintenant, de mener des études épidémiologiques chez l’homme, de façon à vérifier si l’immunité contre la dengue prédispose à une infection Zika plus grave. »

Conséquences pour la vaccination contre la dengue ?

Ce travail suggère que les Ac engendrés par la vaccination pourraient mener à une infection aggravée chez des individus exposés ultérieurement au Zika.

« Cette étude va créer un certain émoi, déclare le Pr Schatzmann Peron. Face à ce vaccin, l’organisme produit une faible quantité d’anticorps, ce qui, justement, constitue le problème. »

La recommandation de la Société Brésilienne de Dengue et des Arboviroses est d’éviter la vaccination contre la dengue chez les femmes en âge fertile jusqu’à ce que les effets de cette immunisation soient étudiés plus en profondeur. « Nous avions des doutes et ce travail vient corroborer notre inférence théorique et renforce davantage cette supposition », déclare le Dr Timerman.

Le Pr García-Sastre partage une opinion semblable : « Dans les zones où circule le VZIK, l’utilisation des vaccins contre la dengue doit être judicieuse étant donnée la possibilité d’aggravation d’une infection subséquente par le Zika due aux anticorps contre la dengue. Nos recherches chez la souris suggèrent que cette possibilité est réelle, bien que ça n’ait pas été démontré chez l’homme. »

Cet article est la traduction d’un article publié à l’origine sur Medscape édition portugaise.

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