Zika : l’immunité contre la dengue booste l’infection

Roxana Tabakman

29 mai 2017

New-York, Etats-Unis -- Depuis que le Zika a pris une ampleur mondiale, la communauté médicale s’interroge sur les conséquences possibles des co-infections par d’autres flavivirus. Récemment, quelques éléments de réponse sont parues dans Science [1], notamment que l’immunité contre la dengue pourrait aggraver l’infection par le virus Zika (VZIK). Cela expliquerait la morbidité de l’épidémie de Zika au Brésil, manifestée par le grand nombre de cas de microcéphalies et de syndromes de Guillain-Barré. Autre conséquence de ces recherches évoquée par les spécialistes interrogés par Medscape : la recommandation de vaccination contre la dengue pourrait être modifiée.

Réaction croisée

La démonstration a été faite chez l’animal. Des chercheurs de l’Icahn School of Medicine de l’hôpital Mount Sinaï, à New York, ont inoculé des souris avec du plasma de patients infectés par le virus de la dengue et par le virus du Nil occidental puis ils les ont exposées au virus Zika. Les souris ont manifesté une morbidité et une mortalité plus élevées, incluant la fièvre, ainsi qu’une charge virale élevée dans la moelle épinière et dans les testicules.

« Nos données suggèrent que la facilitation dépendante des anticorps, par réaction croisée avec les autres anticorps, exacerbe la virémie du VZIK in vivo, ce qui pourrait mener à une dissémination plus efficace du virus dans la moelle épinière et dans les testicules » écrivent les auteurs qui précisent que leur étude est la première démonstration d’une aggravation des symptômes de l’infection au VZIK par du plasma humain d’individus atteints de dengue et de fièvre du Nil occidental.

Un effet dépendant du taux d’anticorps

Dans cette expérience, le taux d’IgG présent dans les échantillons a influencé le résultat.

Susana Bardina et collaborateurs ont transféré trois doses différentes d’Ac humains de 141 individus infectés par la dengue et de 146 individus infectés par le virus du Nil occidental dans des souris portant des modifications génétiques les rendant susceptibles aux flavivirus et les ont, ensuite, exposées au VZIK. La plupart des souris témoins, dépourvues d’Ac humains, ont survécu au Zika.

Pour celles qui ont reçu du sérum humain, des taux élevés d’Ac dirigés contre la dengue protégeaient contre le VZIK, alors que des taux moindres étaient corrélées avec une infection grave : à peine 21 % des souris inoculées avec de faibles quantités d’anticorps contre la dengue ont survécu à l’infection par le Zika.

Le fait que les résultats varient en fonction du titre d’Ac humains « rend le résultat encore plus significatif », a déclaré le Pr Pierre Schatzmann Peron, expert reconnu du Zika au Brésil. Le professeur adjoint à l’Institut des sciences biomédicales de l’Université de São Paulo, a ajouté qu’« une personne infectée par la dengue, il y a trois ou quatre ans, aura une faible quantité d’anticorps en circulation dans son corps pendant plusieurs années ».

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