Foie gras : comment faire régresser une NASH sans médicament

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

10 mai 2017

Amsterdam, Pays-Bas — 136 : c’est le nombre actuel d’essais de molécules dans le traitement de la stéato-hépatite non-alcoolique (NASH). Alors qu’aucun traitement pharmacologique du foie gras n’est reconnu à ce jour, le chiffre montre ni plus ni moins qu’une ruée vers l’or.

Le chiffre a été cité par plusieurs intervenants, lors du congrès de l’European Association for the Study of the Liver (International Liver Congress 2017). En creux, sans doute s’agissait-il de rappeler que les médicaments ne sont pas, en principe, indispensables dans cette indication : les mesures diététiques et l’exercice physique ont une efficacité sur la stéatose et la fibrose, montrée depuis plusieurs années, et qui se confirme.

Lors d’une session consacrée à l’approche multidisciplinaire de la NASH, le Dr Shira Zelber-Sagi (Université de Haïfa, Israël), a présenté les données principales et les données les plus récentes [1].

Objectif n°1 : la perte de poids

L’étude de référence, souvent citée, est d’origine cubaine [2]. Elle évalue, sur biopsies, les conséquences hépatiques d’une perte de poids chez 293 sujets participants durant un an à un programme de réduction du poids par l’exercice et le régime.

Les résultats sont éloquents : ils montrent que l’hygiène en matière alimentaire et physique peut faire régresser même la fibrose hépatique. Ils définissent en somme la NASH comme maladie purement sociétale.

Perte de poids

<5%

5-7%

7-10%

>10%

Résolution NASH

10%

26%

64%

90%

Régression de la fibrose

45%

38%

50%

81%

Amélioration de la stéatose

35%

65%

76%

100%

Patients ayant perdu du poids

70%

11%

9%

10%

Le point faible du dispositif est évidemment que 30% seulement des patients ont perdu au moins 5% de leur poids initial.

« Peut-on offrir quelque chose aux patients lorsque la réduction de poids est problématique ? », demande le Dr Zelber-Sagi.

La réponse est oui.

Le régime méditerranéen : à consommer sans modération

Premièrement, le régime méditerranéen. Ses vertus ont été largement montrées dans le diabète et les maladies CV, de même que sa supériorité sur les régimes pauvres en graisses [3]. Il se trouve que dans la NASH aussi, un régime méditerranéen normocalorique, se révèle plus efficace qu’un régime pauvre en graisses, qui demande souvent davantage d’efforts.

« Même sans perte de poids, le régime méditerranéen réduit la stéatose hépatique et améliore la sensibilité à l’insuline [..] davantage que les avis diététiques habituels », concluent les auteurs d’une étude australienne [4].

Même sans perte de poids, le régime méditerranéen réduit la stéatose hépatique et améliore la sensibilité à l’insuline — Les auteurs

Au passage, on note que la consommation de poissons et d’acide gras oméga-3 a été associée à une réduction du risque de carcinome hépato-cellulaire [5]. En cas de fibrose avancée, la prévention joue donc sur plusieurs tableaux.

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