Toulouse, France — Les cas de narcolepsies-catalepsies survenus après vaccination contre la grippe A (H1N1) s'expliquent par plusieurs facteurs combinés, associant auto-immunité et prédisposition génétique, a rappelé le Dr Thierry de Greslan (Hôpital d'instruction des armées, Clamart), qui est intervenu lors des Journées de neurologie de langue française (JNLF) [1]. Le neurologue est revenu sur les recherches qui ont conduit à accuser le vaccin avec adjuvant Pandemrix® (GSK).
A la suite de la campagne de vaccination de masse contre la grippe A (H1N1), menée fin 2009, les premières notifications de narcolepsie en lien avec cette vaccination ont été émises en Suède et en Finlande, où une centaine d'enfants et d'adolescents ont présenté les symptômes de la maladie, quelques mois après avoir reçu le vaccin Pandemrix®.
En France, où une soixantaine de cas ont été recensés, l'étude NarcoFlu-VF a confirmé le lien entre la vaccination et l'apparition du trouble, en mettant en évidence une hausse du risque de narcolepsie, majoritairement avec cataplexie (narcolepsie de type 1), aussi bien chez les adultes, que chez les enfants et les adolescents [2].
L’étude NarvoFlu a montré que l'apparition d'une somnolence diurne excessive survenait en moyenne 2,5 mois après la vaccination. Dans les cas de narcolepsie avec cataplexie, la perte brutale du tonus musculaire est apparue à 4,5 mois, en moyenne. La narcolepsie a été diagnostiquée chez ces patients près d’un an après la vaccination.
98% des patients ont une mutation spécifique
Plusieurs études ont été menées pour tenter de comprendre cette association, a rappelé le Dr De Greslan. Des travaux ont notamment souligné l'impact d'un terrain génétique favorable, en révélant la présence d'une mutation sur le gène HLA (DBQ1 06:03), chez quasiment tous les patients (98%) atteints de narcolepsie après vaccination [3].
Cette mutation favoriserait le développement d'une auto-immunité médiée par les lymphocytes T. Une auto-immunité qui a été, dans un premier temps, associée à une similarité entre une protéine du virus H1N1 (hémagglutine), et des séquences de l'hypocrétine, secrété par les neurones hypothalamiques, visés lors de la réaction auto-immune.
Les travaux des chercheurs de l'université de Stanford (Etats-Unis) ont, en effet, suggéré le rôle d’un fragment du virus H1N1, utilisé dans le vaccin Pandemrix®, dans le déclenchement d’une réaction auto-immune chez les personnes génétiquement prédisposées [4]. Toutefois, leur démonstration n'ayant pas pu être reproduite, l'étude a été retirée.
Somnolence et cataplexie La narcolepsie est une maladie rare, qui touche une personne sur 5 000 en France. Moins de 10 000 personnes en sont atteintes. La narcolepsie se manifeste par une somnolence excessive pendant la journée et des envies irrépressibles de dormir, plusieurs fois par jour. La maladie est liée à la disparition de certains neurones de l’hypothalamus, dits à hypocrétine, impliqués dans la régulation du sommeil. Dans le cas de la narcolepsie de type 1, diagnostiqués en post-vaccination anti H1N1, les épisodes de sommeil s'accompagnent en plus de cataplexie, une perte brusque du tonus musculaire, généralement liée à une émotion, le plus souvent agréable, comme le rire ou la surprise. La cataplexie est toujours brève et dépasse rarement deux minutes, mais peut survenir à plusieurs reprises, au cours de la journée. |
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Citer cet article: Vincent Richeux. Narcolepsie post-vaccin H1N1: facteurs multiples mais causalité indéniable - Medscape - 11 mai 2017.
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