Le diabète et ses traitements : effets cardiovasculaires

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

19 avril 2017

SERIE -- Le diabète et ses traitements : effets sur l’os, le cœur, le cerveau

 

2ère partie / Le coeur

Lille, France — Lors du congrès annuel de la Société Francophone du Diabète (SFD), trois spécialistes : rhumatologue, endocrinologue et neurologue ont passé en revue les effets non glycémiques des antidiabétiques mais aussi du diabète lui-même.

Après l’os (voir notre article), dans cette deuxième partie, le Pr Pierre Gourdy (endocrinologue, CHU Toulouse) a fait le point sur les effets cardiovasculaires des antidiabétiques [1].

« L’évaluation de l’influence spécifique des traitements antidiabétiques sur le risque cardiovasculaire est une vieille histoire », a indiqué le Pr Pierre Gourdy en introduction de sa présentation (voir tableau chronologique en fin de texte). Elle a débuté dans les années 70-72 avec l’étude UGDP qui a montré que le strict contrôle glycémique n’était pas associé à un bénéfice cardiovasculaire. L’étude a été à l’origine de la controverse sur les risques cardiovasculaires des antidiabétiques oraux (sulfamides).

Mais le tournant majeur est survenu en 2008 alors que les doutes sur le profil cardiovasculaire de l'hypoglycémiant rosiglitazone ont conduit la Food and Drug Administration (FDA) et l'agence européenne du médicament (EMA) à changer leurs procédures d'autorisation des antidiabétiques et à demander aux laboratoires de faire la démonstration de leur innocuité cardiovasculaire. Depuis le profil de sécurité CV des nouveaux antidiabétiques est passé au peigne fin.

Retour sur les effets cardiovasculaires de quelques antidiabétiques

La metformine

La metformine ne présente pas de toxicité cardiovasculaire, mais son éventuel effet cardioprotecteur reste discuté. Plusieurs études in vitro ont montré un effet protecteur de la metformine avec de arguments en faveur d’une amélioration du métabolisme cardiaque (diminution du stress oxydatif, un effet antithrombotique…) [2,3,4,5].

Sulfamides hypoglycémiants

Il faut rester prudent, en particulier sur les sulfamides de deuxième génération -- Pr Pierre Gourdy

Il est généralement considéré que les sulfamides hypoglycémiants sont neutres en termes de sécurité cardiovasculaire mais le sujet reste controversé. Les essais, UKPDS, NAVIGATOR (natéglinide, Starlix®, Non commercialisé en France) et ORIGIN suggèrent tous la neutralité cardiovasculaire des sulfamides. En revanche, plusieurs études de cohortes ont montré le contraire. Dans un registre danois portant sur près de 1 000 patients suivis après une revascularisation coronarienne, comparés à la metformine, les sulfamides présentaient un sur-risque cardiovasculaire, à l’exception du gliclazide (Diamicron®, Servier et Ge.) et du répaglinide qui étaient neutres [6]. « Il faut donc rester prudent, en particulier sur les sulfamides de deuxième génération. L’altération du pré-conditionnement ischémique du myocarde pourrait le rendre plus fragile lors de la survenue d’un événement ischémique », a souligné le Pr Gourdy.

Il existe aussi un doute résiduel en ce qui concerne la neutralité cardiovasculaire de l’association sulfamide et metformine (étude UKPDS et autres). C’est la raison pour laquelle, en 2012, cette association n’est pas considérée par la Food and Drug Administration (FDA) comme une association de référence en termes de sécurité cardiovasculaire.

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....