Le diabète et ses traitements : effets sur l’os

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

14 avril 2017

SERIE Le diabète et ses traitements : effets sur l’os, le cœur, le cerveau

1ère partie / L’os

Lille, France— Lors du congrès annuel de la Société Francophone du Diabète (SFD) , trois spécialistes : rhumatologue, endocrinologue et neurologue ont passé en revue les effets non glycémiques des antidiabétiques mais aussi du diabète lui-même.

Dans cette première partie, le Pr Martine Cohen-Solal (rhumatologue, hôpital Lariboisière, Paris)a fait le point sur les effets du diabète et des antidiabétiques sur l’os [1].

Le risque de fracture est augmenté chez les diabétiques de type 1 et 2 et il survient à un âge plus précoce que chez les non diabétiques, a indiqué le Pr Cohen-Solal en introduction de sa présentation.

Récemment, Weber et coll. ont montré que chez les diabétiques de type 1, après 40 ans, le risque de fracture était doublé par rapport à la population générale [2]. « Pourtant, jusqu’à présent on s’est peu intéressé à l’ostéoporose des diabétiques car ils ont des facteurs de risque qui ne sont pas typiques », a précisé l’oratrice.

 
La DMO et l’IMC ne sont donc pas de bons outils pour dépister les sujets diabétiques à risque de fracture -- Pr Martine Cohen-Solal
 

Chez les diabétiques, certains facteurs de risque classiques de fractures ne sont pas retrouvés. Les diabétiques de type 1 sont des sujets jeunes dont le poids est normal, légèrement bas et souvent leur densité minérale osseuse (DMO) est normale. En parallèle, pour les diabétiques de type 2, il y a une surcharge pondérale qui va protéger du risque de fracture et une densité minérale osseuse normale. « La DMO et l’IMC ne sont donc pas de bons outils pour dépister les sujets diabétiques à risque de fracture. Nous ne disposons pas d’outils de dépistage chez les diabétiques », a déploré la rhumatologue.

Les facteurs de risque à prendre en compte chez les diabétiques sont l’âge, la consommation de glucocorticoïdes, l’HbA1c >8%, la durée du diabète et les complications associées.

Dans le diabète, chutes et fractures peuvent être la conséquence de différentes atteintes viscérales :

-neurologiques : neuropathies ;

-visuelles ;

-hypotension orthostatique ;

-micro et macro angiopathies ;

-rénales.

Selon l’oratrice, la fragilité osseuse des diabétiques serait vraisemblablement due à une modification du remodelage osseux et notamment à une augmentation de la résorption osseuse. En outre, les mécanismes physiopathologiques à l’origine de cette fragilité osseuse seraient de deux ordres :

- des modifications du métabolisme minéral avec une altération de l’axe hypothalamohypophysaire (hypoparathyroïdie) ou une vitamine D basse ;

- un dysfonctionnement ostéoblastique (dû au déficit en insuline ou en IGF1, à la masse grasse, à la diminution AG insaturés…).

Point positif, les traitements antiostéoporotiques ont la même efficacité que chez les non-diabétiques, selon une méta-analyse de 3 études pivot FIT (alendronate), Horizon (zolédronate) et Freedom (dénozumab)[3]. En outre, ces traitements ne semblent pas avoir d’impact négatif sur la glycémie [4].

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