Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité à l’âge adulte : questions pratiques

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

13 avril 2017

Paris, France— Le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) est maintenant bien connu et dépisté chez l’enfant mais ce n’est pas le cas chez l’adulte. Alors qu’il existe des recommandations de bonne pratique HAS pour les enfants susceptibles d’avoir un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité , il n’existe pas de conférence de consensus chez l’adulte.

Pourtant, la pathologie adulte est bien reconnue dans le grand livre des diagnostics psychiatriques, le DSM-V. Le manuel estime à respectivement 5 et 5 le nombre de symptômes d’hyperactivité/impulsivité et le nombre de symptômes d’inattention requis pour le diagnostic de TDAH chez l’adolescent de plus de 17 ans et l’adulte (contre 6 et 6 chez l’enfant).

Dr Bluenn Quillerou

Le Dr Bluenn Quillerou, psychiatre à l’hôpital Saint Antoine à Paris et spécialiste du sujet, revient sur une pathologie qui peut aussi être une source de handicap à l’âge adulte [1].

Medscape : Que sait-on du TDAH de l’adulte ?

Dr Quillerou : Les études sur le TDAH de l’adulte et sur les effets des traitements et de la prise en charge au long cours sont rares ( voir article Medscape ). Pourtant, le TDAH est une pathologie assez fréquente chez l’adulte. Comme pour les enfants, les adultes ont des comorbidités psychiatriques et somatiques importantes assorties d’une qualité de vie amputée. La question des conséquences du TDAH chez l’adulte se pose notamment chez l’adulte jeune qui construit sa vie mais aussi chez l’adulte plus âgé, sachant que le TDAH peut aggraver une démence débutante ou des troubles cognitifs évolutifs.

Quelle est l’incidence du TDAH à l’âge adulte ?

Dr B.Q. : L’incidence du TDAH chez les enfants et les adolescents est évaluée à 3 à 5 %. Le sexe ratio est de 2 à 4 garçons pour une fille en population générale (enquêtes téléphoniques) et de 9 garçons pour une fille en population clinique.

Chez l’adulte, nous savons désormais que la maladie persiste dans un certain nombre de cas, avec des symptômes qui sont susceptibles d’évoluer. En fonction des études, entre 15% et 40 % des sujets auraient toujours un TDAH à l’âge adulte, selon les critères stricts du DSM. En revanche, une part plus importante de patients adultes, jusqu’à 80 %, ont toujours une gêne fonctionnelle liée à la pathologie (définition élargie).

Comment repérer les patients atteints de TDAH à l’âge adulte ?

Dr B.Q. : On ne rencontre pas du tout les enfants et les adultes atteints de TDAH de la même façon.

Très souvent, chez l’adulte, la pathologie est découverte de façon fortuite, aux urgences notamment, suite à un traumatisme crânien ou à un accident de voiture, par exemple.

Mais aussi, parfois, les patients consultent pour une comorbidité psychiatrique, addictive notamment.

On nous adresse aussi des patients qui ont été traités dans l’enfance, qui grandissent et qui ne relèvent plus ni de la pédopsychiatrie, ni de la neuropédiatrie et qu’il faut bien continuer à suivre malgré tout surtout dans la période charnière où ils sont jeunes adultes, étudiants.

Enfin, on nous adresse aussi les parents des enfants qui présentent un TDAH en raison de la grande composante génétique dans cette pathologie. Dans 20 à 30 % des cas, un des parents ou les deux parents est hyperactif.

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