Maladies de Charcot autour de l’étang de Thau : une toxine présente dans les fruits de mer suspectée

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

14 avril 2017

Toulouse, France L’exposition à la toxine BMAA (β-N-Méthylamino-L-alanine), produite par des cyanobactéries marines, pourrait expliquer le sur-risque de sclérose latérale amyotrophique (SLA) constaté autour d'une lagune du Sud de la France. C'est du moins ce que suggère une étude de l'équipe du Pr William Camu (CHU de Montpellier), qui est intervenu lors des Journées de neurologie de langue fran çaise (JNLF) [1].

Connue également sous le nom de maladie de Charcot, la SLA est une maladie neurodégénérative grave, se traduisant par une paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire. Le décès survient rapidement, dans les trois à cinq ans qui suivent le diagnostic.

Consommation de fruits de mer

La SLA est liée à la mort progressive des motoneurones, les cellules contrôlant les muscles volontaires. Dans 90% des cas, elle survient chez des personnes sans risque génétique familial. Ce qui a, depuis longtemps, amené à suspecter l'influence de facteurs environnementaux.

Plusieurs travaux ont suggéré un lien avec l'absorption de la toxine BMAA, produite par des cyanobactéries marines, nommées algues bleu-vert, notamment via la consommation de fruits de mer contaminés. « Sans que le lien de causalité ne soit, pour autant, établi », précise le neurologue.

Le cas d’école du Charcot de l’île de Guam

Le lien avec l'intoxication par le BMAA a été pour la première fois évoqué après l'étude d'une forme de SLA, observée sur l'île de Guam, dans le Pacifique. Dans les années 1950, les médecins militaires américains y avaient constaté une incidence près de 150 fois plus élevée qu'aux Etats-Unis.

Les chercheurs ont observé « une concentration extrêmement élevée de BMAA » dans le cerveau de malades décédés de cette forme, dite de Guam, combinant SLA et démence de type Alzheimer, selon le Pr Camu. Il s'est avéré que l'intoxication provenait de la consommation de graines de l'arbre cyca, riches en BMAA, mais aussi de chauve-souris, elles-mêmes friandes de ces graines.

Après l'extermination de la population autochtone de chauve-souris et la modification du régime alimentaire des habitants de l'ile, sous l'influence de la culture américaine, l'incidence de la maladie a nettement chuté, a expliqué le neurologue. « Elle reste encore cinq fois plus élevée », comparativement à la population mondiale.

D'autre travaux américains ont également souligné le nombre de cas anormalement élevés de SLA autour de bassins de bord de mer, contenant des taux élevés de BMAA, en raison de la présence de cyanobactéries. « Dans ces régions, certains patients atteints de SLA avaient une consommation élevée de crustacés. »

Le lien avec l'intoxication par le BMAA a été pour la première fois évoqué après l'étude d'une forme de SLA, observée sur l'île de Guam, dans le Pacifique. Dans les années 1950, les médecins militaires américains y avaient constaté une incidence près de 150 fois plus élevée qu'aux Etats-Unis.

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