Lille, France -- L’étude du microbiote intestinal ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques dans le diabète. La Société Francophone du Diabète (SFD) a d’ailleurs consacré un symposium au sujet lors de son congrès annuel [1].
Au cours de sa présentation, le Pr Nathalie Delzenne (université Catholique de Louvain, Belgique), spécialiste du microbiote, a toutefois insisté sur le fait que les connaissances sur le microbiote n’allaient pas révolutionner le traitement du diabète dans les prochaines années. « On ne va pas résoudre tous les problèmes du diabète avec une cible unique mais l’étude du microbiote va apporter de nouvelles pierres à l’édifice », a indiqué l’oratrice.
Chez l’animal, les premières démonstrations du rôle du microbiote intestinal sur le développement du diabète de type 2 et de l’obésité ont été rapportées en 2004 [2].
En greffant de la flore digestive de sujets normaux et de la flore digestive de diabétiques de type 2 chez des souris dépourvues de bactéries, les chercheurs ont observé que dans le premier cas, les souris restaient maigres alors que dans l’autre, les souris devenaient obèses.
En parallèle, il y a 5 ans, une étude chinoise a montré que le microbiote des diabétiques de type 2 n’était pas équivalent à celui des individus qui avaient une régulation normale du glucose [3].
Les analyses des gènes de bactéries présents dans les selles (approche méta-GWAS) ont montré que les groupes de bactéries présents chez les diabétiques de type 2 et les autres n’étaient pas équivalents.
Enfin, des données publiées cette année ont montré que chez des souris recevant un régime riche en graisse, l’ajout de la bactérie Akkermansia muciniphila était associé à un gain de poids moindre et à une meilleure absorption du glucose [4].
Vers une utilisation chez l’homme
Depuis, plusieurs étapes nous ont rapprochés d’une éventuelle utilisation chez l’homme. La même équipe de chercheurs a montré qu’Akkermensia muciniphila pouvait être cultivée en condition stérile et qu’elle était encore plus bénéfique si elle était pasteurisée. Elle a également réussi à isoler la protéine associée à ce bénéfice sur la glycémie : la protéine membranaire Amuc 1100.
« La bactérie Akkermensia muciniphila pasteurisée et la protéine membranaire Amuc 1100 deviennent une nouvelle cible du traitement du diabète», a commenté le Pr Samy Hadjadj (diabétologie, CHU de Poitiers), lors d’une conférence de presse en amont du congrès.
Le Pr Pierre Fontaine (chef de service de diabétologie, CHRU de Lille, président de la SFD et co-président du congrès) a précisé qu’une première étude chez l’homme avait débuté sur l’effet préventif d’ Akkermensia muciniphila. Dans cette étude multicentrique (Belgique, France), des patients non diabétiques avec un syndrome métabolique ont reçu soit un placebo, soit Akkermensia muciniphila . Les résultats qui seront communiqués d’ici un an indiqueront si administrer la bactérie confère une protection contre l’apparition du diabète de type 2.
Actualités Medscape © 2017
Citer cet article: Aude Lecrubier. Prévention du diabète via le microbiote : éclairage sur un essai en cours - Medscape - 13 avr 2017.
Commenter