Prévention du diabète via le microbiote : éclairage sur un essai en cours

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

13 avril 2017

Lille, France --     L’étude du microbiote intestinal ouvre de nouvelles perspectives     thérapeutiques dans le diabète. La                 Société Francophone du Diabète         (SFD)     a d’ailleurs consacré un symposium au sujet lors de son congrès annuel [1].

Au cours de sa présentation, le Pr Nathalie Delzenne     (université Catholique de Louvain, Belgique), spécialiste du microbiote, a     toutefois insisté sur le fait que les connaissances sur le microbiote     n’allaient pas révolutionner le traitement du diabète dans les prochaines     années. « On ne va pas résoudre tous les problèmes du diabète avec une     cible unique mais l’étude du microbiote va apporter de nouvelles pierres à     l’édifice », a indiqué l’oratrice.

On ne va pas résoudre tous les problèmes du diabète avec une cible unique     mais l’étude du microbiote va apporter de nouvelles pierres à l’édifice --     Pr Nathalie Delzenne

Chez l’animal, les premières démonstrations du rôle du microbiote     intestinal sur le développement du diabète de type 2 et de l’obésité ont     été rapportées en 2004 [2].

En greffant de la flore digestive de sujets normaux et de la flore     digestive de diabétiques de type 2 chez des souris dépourvues de bactéries,     les chercheurs ont observé que dans le premier cas, les souris restaient     maigres alors que dans l’autre, les souris devenaient obèses.

En parallèle, il y a 5 ans, une étude chinoise a montré que le microbiote     des diabétiques de type 2 n’était pas équivalent à celui des individus qui     avaient une régulation normale du glucose [3].

Les analyses des gènes de bactéries présents dans les selles (approche     méta-GWAS) ont montré que les groupes de bactéries présents chez les     diabétiques de type 2 et les autres n’étaient pas équivalents.

Enfin, des données publiées cette année ont montré que chez des souris recevant un régime riche en graisse, l’ajout de la bactérie    Akkermansia muciniphila était associé à un gain de poids moindre     et à une meilleure absorption du glucose [4].

Vers une utilisation chez l’homme

Depuis, plusieurs étapes nous ont rapprochés d’une éventuelle utilisation chez l’homme. La même équipe de chercheurs a montré qu’Akkermensia muciniphila pouvait être cultivée en condition stérile     et qu’elle était encore plus bénéfique si elle était pasteurisée. Elle a     également réussi à isoler la protéine associée à ce bénéfice sur la     glycémie : la protéine membranaire Amuc 1100.

La bactérie Akkermensia muciniphila pasteurisée et la protéine     membranaire Amuc 1100 deviennent une nouvelle cible du traitement du     diabète -- Pr Samy Hadjadj

« La bactérie Akkermensia muciniphila pasteurisée et la protéine     membranaire Amuc 1100 deviennent une nouvelle cible du traitement du     diabète», a commenté le Pr Samy Hadjadj (diabétologie, CHU     de Poitiers), lors d’une conférence de presse en amont du congrès.

Le Pr Pierre Fontaine (chef de service de diabétologie,     CHRU de Lille, président de la SFD et co-président du congrès) a précisé qu’une première étude chez l’homme avait débuté sur l’effet préventif d’    Akkermensia muciniphila. Dans cette étude multicentrique     (Belgique, France), des patients non diabétiques avec un syndrome     métabolique ont reçu soit un placebo, soit Akkermensia muciniphila     . Les résultats qui seront communiqués d’ici un an indiqueront si     administrer la bactérie confère une protection contre l’apparition du     diabète de type 2.

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