Toulouse, France — Au cours d'une grossesse, les femmes atteintes d'épilepsie doivent bénéficier d'une surveillance spécifique. Un suivi des concentrations plasmatiques des médicaments antiépileptiques est notamment à mettre en place, à partir du quatrième mois, pour un éventuel réajustement du traitement, a indiqué le Pr Sophie Dupont (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris, AP-HP), lors d'une intervention aux Journées de neurologie de langue française (JNLF 2017) [1].
La grossesse d'une femme épileptique est considérée comme une grossesse à risque. D'un côté, en réduisant momentanément l'apport en oxygène, les crises convulsives peuvent être délétères pour le fœtus. De l'autre, une thérapie non adaptée est liée à un risque accru de malformation et de retard de développement psychomoteur chez l'enfant.
Planifier la grossesse
Pour éviter les complications, il est indispensable pour ces femmes de planifier leur grossesse. « Il faut éviter la grossesse inopinée », a rappelé le Pr Dupont. De fait, les femmes atteintes d'épilepsie doivent être sensibilisées sur ce point au plus tôt, « dès l'adolescence, au moment de choisir une contraception », estime la neurologue.
Lorsque le désir d'enfant est prêt à être concrétisé, « la gestion de la grossesse commence en amont par une consultation pré-conceptionnelle, idéalement un à deux ans avant de tomber enceinte ». Il s'agit alors d'apporter une information éclairée au couple, notamment sur la balance bénéfice/risque de l'ajustement du traitement.
Selon le Pr Dupont, « c'est le moment de réévaluer la nécessité du traitement. Chez certaines patientes, dont l'épilepsie est bien équilibrée, la question de l'interruption de la thérapie par anti-épileptique se pose. Sinon, il faut simplifier le traitement, en optant idéalement pour une monothérapie à faible dose. »
Si la patiente prend un anti-épileptique contre-indiqué pendant la grossesse, comme le valproate de sodium (Dépakine® et génériques), « c'est aussi l'occasion de prescrire un autre traitement, avec cet avantage d'avoir suffisamment de recul avant la conception pour évaluer son efficacité dans le contrôle de la maladie ».
Quel traitement choisir? En considérant les données actuelles, rapportées principalement par trois registres internationaux de grossesse, dont le registre européen EURAP (European Registry of Antiepileptic Drugs and Pregnancy), le recul est désormais suffisant pour quatre molécules, parmi celles associées au plus faible risque tératogène, selon le Pr Dupont, qui a présenté les différents médicaments disponibles sur le marché. « La lamotrigine (Lamictal®) apparait comme l’antiépileptique le plus approprié dans le cadre d'une grossesse ». Avec une réserve toutefois dans EURAP pour une posologie supérieure à 300 mg/jour. Les données sont également rassurantes pour le lévétiracétam (Keppra®). Il faut toutefois attendre celles du registre européen, « qui devront être prochainement publiées » pour savoir s'il existe un risque tératogène dose dépendant. Autre médicament à moindre risque: la carbamazépine (Tegretol®), mais là encore, avec des discordances sur la tératogénicité, selon les registres, pour des doses au-delà de 400 à 500 mg/ jour. Enfin, pour l’oxcarbazépine (Trileptal®) « il y a encore peu de données, mais elles sont pour le moment rassurantes. » |
Pour rappel, le site du Centre de référence sur les agents tératogène (CRAT) détaille l'état des connaissances sur le risque malformatif et neurocomportemental de nombreux médicaments, dont les antiépileptiques.
Actualités Medscape © 2017 WebMD, LLC
Citer cet article: Epilepsie et grossesse: comment monitorer la thérapeutique - Medscape - 6 avr 2017.
Commenter