Suicide d’une infirmière à Cochin, 6ème suicide dans un l’hôpital en moins d’un an

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

14 mars 2017

Paris, France — Du côté du personnel hospitalier, les suicides et les enquêtes administratives se suivent sans qu’aucune mesure ne semble pouvoir être prise. Pratiquement un mois jour pour jour après le suicide d’un infirmier à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris, 15e), l’hôpital Cochin de l’AP-HP (Paris, 14e) a été ce 7 mars le théâtre d’un nouveau drame. Une infirmière de 45 ans affectée au département d’information médicale (DIM) de Cochin s’est donné la mort dans son bureau, semble-t-il par pendaison.

Malaise à l’hôpital

Les regroupements hospitaliers, la tarification à l’acte, la loi de santé, ont totalement dégradé l’hôpital public -- Grégory Boulord

Selon l’AP-HP, cette infirmière travaillait pour le CHU francilien depuis 20 ans, mais n’était affectée au DIM que depuis six ans. « Ce drame survient dans un service dans lequel des difficultés fonctionnelles et relationnelles avaient été identifiées », précise l’AP-HP dans un communiqué. Une enquête administrative avait été conduite par la direction des ressources humaines (DRH) ainsi qu’une expertise du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Une première réunion d’audit sur la situation de ce service avait été menée la semaine dernière. De source syndicale, l’infirmière en question avait dénoncé depuis plusieurs semaines des difficultés au travail. Selon Grégory Boulord, membre du CHSCT central de l’AP-HP, ce suicide n’est pas le fruit du hasard. « Le malaise à l’hôpital date de plusieurs années, les regroupements hospitaliers, la tarification à l’acte, la loi de santé, ont totalement dégradé l’hôpital public ». Marise Dantin, secrétaire générale de la CGT à Cochin, souligne néanmoins l’état dépressif de cette infirmière. Selon la syndicaliste, elle était suivie depuis plusieurs années par la médecine du travail, et maigrissait énormément ces dernières semaines. Pour la secrétaire générale de la CGT, les causes de ce suicide sont personnelles.

Dysfonctionnements majeurs et service sous pression

Du côté de Sud Santé, syndicat à l’origine de l’enquête menée par le CHSCT dans ce service, on préfère mettre l’accent sur les dures conditions de travail. «Il y a bien eu quelques aménagements, notamment matériels, avec la création de bureaux adaptés pour les fonctionnaires en difficulté. Mais il a fallu se battre et les dysfonctionnements majeurs n’ont pas été résolus ! C’est le management qui est en cause, dans un service particulièrement mis sous pression car c’est de financement, de rentabilité, que traitent ces personnels !» a notamment déclaré Thierry Travert, représentant de Sud Santé à Cochin au Parisien.

Mauvaises conditions de travail

Lorsqu’elle a appris que les heures supplémentaires ne seraient ni payées ni récupérées, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase.

RTL a recueilli le témoignage d’une collègue de cette infirmière décédée qui impute ce suicide aux mauvaises conditions de travail. « Des difficultés au travail, elle en avait, mais elle avait aussi sa bulle d’oxygène, elle partait rejoindre son mari dans le sud, ça lui faisait supporter la difficulté au travail. Mais lorsqu’elle a appris que les heures supplémentaires ne seraient ni payées ni récupérées, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase, j’ai senti chez elle beaucoup de colère car la direction avait été alertée depuis de nombreuses années des difficultés dans ce service », a notamment déclaré cette infirmière.

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