Tatouage après mastectomie : transformer les cicatrices en œuvres d’art

Aude Lecrubier, Fran Lowry

Auteurs et déclarations

27 février 2017

Chicago, Etats-Unis— Après une mastectomie, un nombre grandissant de femmes décident d’orner leur cicatrice ou leur prothèse mammaire d’un tatouage artistique pour se réapproprier leur corps.

Aux Etats-Unis, la pratique est courante. En France, elle prend de l’ampleur. En témoigne, notamment, la première édition, cette année, du projet Rose Tattoo qui a transformé la Maison Rose à Bordeaux en salon de tatouages et qui a permis à neuf femmes victimes d’un cancer du sein de se faire gratuitement tatouer un dessin de leur choix sur la poitrine par un professionnel (en partenariat avec l’Institut Bergonié).

Outre-Atlantique, la prestigieuse revue du JAMA vient de consacrer quelques colonnes au témoignage de David Allen, artiste tatoueur de Chicago, qui depuis 5 ans consacre une partie de son activité à ces tatouages post-mastectomie [1].

« Dans un bon jour, je peux soigner avec mon art », dit-il.

David Allen explique qu’au premier abord, il a refusé de tatouer une composition florale sur la reconstruction mammaire mais que la ténacité de sa cliente l’avait persuadé d’essayer.

« J’étais hésitant parce que j’avais peur de tatouer sur une peau irradiée et je lui ai dit non. Mais elle a insisté pendant 6 mois. Alors, j’ai fait des recherches et j’ai accepté d’essayer. J’ai été méticuleux, attentionné et au final cela a été une expérience incroyable. Extraordinaire pour nous deux. Cela nous a transformés. C’était beau. Il est rare d’utiliser son art pour aider quelqu’un », explique-t-il.

Empathie, lien et création

Depuis cette expérience, il y a 5 ans, David Allen a réalisé près de 70 tatouages et il a d’autres demandes. Mais avant d’accepter, il pose toujours énormément de questions aux femmes.

Pour parvenir à un bon résultat, il faut être empathique et apprendre à connaitre la patiente. Ces deux éléments sont plus importants que les aspects techniques du tatouage », explique-t-il.

Il ajoute qu’il faut s’assurer que les femmes sont vraiment prêtes, que leur démarche est positive et qu’elle va leur apporter du bien-être.

 
Pour parvenir à un bon résultat, il faut être empathique et apprendre à connaitre la patiente – David Allen
 

« Ces femmes, avec lesquelles je travaille, sentent qu’elles ont été soumises à des forces hors de leur contrôle, mais grâce à ce travail artistique, elles peuvent retrouver un point de référence. Cela n’est pas juste comme nous reproduisions ce qui existait avant, nous ne simulons pas ce qui était là. C’est une création en commun qui s’adapte à leur cicatrice, qui met de côté les traumatismes liés à leur parcours thérapeutique. Elles prennent part à la création, au design et elles peuvent se l’approprier », explique-t-il.

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