Paris, France — En plus des antidépresseurs et/ou des psychothérapies, mieux se nourrir permettrait d’améliorer significativement les symptômes dépressifs, selon le premier essai contrôlé randomisé jamais réalisé sur le sujet [1].
Dans une population de patients obèses et souffrants de dépression caractérisée, Felice Jacka, Michael Berk et coll. (Food & Mood Centre, Deakin University, Australie) ont pu montrer que l’adoption d’un régime alimentaire de type méditerranéen améliorait les symptômes indépendamment de la perte de poids, du niveau d’activité physique et du statut tabagique.
« Au cours de la dernière décennie, les preuves d’une association entre le régime alimentaire et le risque de dépression se sont accumulées [2-6]. Mais nous n’avions pas d’essai contrôlé randomisé comme celui-ci pour guider notre pratique », expliquent les chercheurs.
« Bien que ces résultats doivent être répliqués, ils suggèrent que l’amélioration du régime alimentaire peut être une stratégie efficace pour la prise en charge de ce trouble de l’humeur fréquent », soulignent-ils.
Les résultats de l’essai SMILES pour Supporting Modification of Lifestyle in Lower Emotional States sont publiés dans la revue BMC Medicine [1].
Quatre fois plus de rémissions dans le groupe « nutrition »
A l’issue de la période de recrutement, les chercheurs ont inclus 67 patients atteints de dépression modérée à sévère (score sur l’échelle de la dépression de Montgomery-Asberg : MARDS ≥ 18). Les patients sélectionnés avaient un régime alimentaire pauvre au départ (Score dietary screening tool : DST <75/104).
Pendant l’essai, qui a duré 12 semaines, 33 patients ont participé à 7 consultations « nutritionnelles » de 60 minutes et les 34 patients du groupe contrôle ont bénéficié de 7 séances de « maintien du lien social » de la même durée (voir encadré).
Sur les 67 participants, tous sauf 9 recevaient soit des antidépresseurs (n=25), soit une psychothérapie (n=9), soit les deux (n=21).
Après 12 semaines, les chercheurs ont observé une différence statistiquement significative de 7,1 points sur l’échelle de dépression de Montgomery-Asberg en faveur du groupe recevant les conseils nutritionnels (critère primaire).
En outre, ils ont extrapolé qu’il y avait une baisse de 2,2 points sur la MADRS tous les 10 % d’adhésion supplémentaire à un régime plus sain.
En tout, 32 % des patients du groupe ayant reçu les conseils nutritionnels étaient en rémission (MADRS<10) à la fin des 12 semaines vs 8 % dans le groupe contrôle (p=0,028).
Le nombre de patients à traiter pour obtenir une rémission était de 4,1.
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Premier essai randomisé sur alimentation et dépression - Medscape - 23 févr 2017.
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