Los Angeles, Etats-Unis – Selon une petite étude portant sur une quarantaine de personnes, l’utilisation de la cigarette électronique en mode classique s’accompagnerait d’une augmentation de l’activité cardiaque sympathique et d’une oxydation lipidique accrue, deux facteurs de risque cardiovasculaire [1]. Mais si la nicotine de la cigarette électronique n’est pas neutre sur la santé – ce qui n’est pas une nouveauté –, le risque cardiovasculaire évoqué par les auteurs est toutefois extrêmement préliminaire et demande à être confirmé, rappelle l’éditorialiste [2]. Par ailleurs, l’étude comporte un certain nombre de biais, et notamment des différences de ratio non-fumeurs/anciens fumeurs et homme/femme dans chacun des deux groupes qui ont possiblement influencé les résultats – lesquels ne portent au final que sur 16 vapoteurs et 18 non-fumeurs, âgés de 21 à 45 ans. Ces publications sont parues dans JAMA Cardiology.
Pour avoir des données sur de potentiels effets cardiovasculaires de l’e-cigarette, sans avoir à « attendre pendant des décennies, les résultats des études épidémiologiques », les auteurs ont comparé deux groupes de personnes comprenant 23 vapoteurs et 19 sujets-contrôles se déclarant non-fumeurs. Ils ont procédé à des électrocardiogrammes, en s’intéressant à la composante sympathique et au tonus vagal de la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV), et à des tests sanguins pour évaluer le stress oxydatif et l’inflammation, deux mécanismes impliqués dans l’initiation et l’extension de l’athérosclérose chez les consommateurs de tabac.
Prédominance du système sympathique et LDL oxydés plus élevés
Après avoir exclu 7 vapoteurs et 1 sujet-contrôle, notamment pour des taux de nicotine plasmatique élevée indiquant une consommation récente (les sujets étaient supposés ne pas avoir vapoté le jour des mesures), les résultats électrocardiographiques ont montré que la composante vagale (FC basse) était significativement diminuée chez les 16 vapoteurs comparés aux contrôles (moyenne [SEM], 46,5 nu* vs 57,8 nu; P=0,04). A l’inverse, ils ont trouvé que la composante haute fréquence (HF, reflétant le système sympathique et parasympathique) ainsi que le ratio (BF/HF, reflétant l’équilibre sympathovagal) étaient significativement accrus (moyenne [SEM] 52,7 nu vs 39,9 nu; P=0,03, moyenne [SEM] 1,37 vs 0,85; P=0,05) chez les vapoteurs, ce qui correspond bien à une prédominance du système sympathique, écrivent les auteurs.
Et effectivement, comme le rappelle le Pr Joep Perk, porte-parole de la Société Européenne de Cardiologie (ESC), dans un communiqué [3] : « la nicotine stimule le système nerveux central, et ce n’est pas du tout surprenant que les personnes qui continuent à absorber de la nicotine voient leur système sympathique stimulé. Cela peut conduire par la suite à des irrégularités du rythme cardiaque et une élévation de la pression artérielle, et probablement avoir des effets délétères à long terme sur les parois vasculaires ».
*valeurs normalisées
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Cœur et stress oxydatif : la nicotine des e-cigarettes n’est pas anodine - Medscape - 13 févr 2017.
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