Louisville, Etats-Unis — La première méta-analyse sur la sécurité à long terme des anti-PCSK9 se veut rassurante. Le recueil des données qui porte sur 11 essais et plus de 10 600 patients montre que les nouveaux hypocholestérolémiants ne sont pas associés à un sur-risque d’effets secondaires graves, de mauvaise tolérance musculosquelettique, d’effets secondaires neurocognitifs ou d’AVC [1].
Toutefois, les chercheurs, le Dr Roberto Bolli et coll. (Institut de cardiologie moléculaire, Université du Kentucky) soulignent que lorsque seules les données des deux plus gros essais sont prises en compte (65 % des patients), ils observent un signal de sécurité sur le plan neurocognitif.
Au niveau biologique, cet effet délétère pourrait s’expliquer par le fait que les anti-PCSK9 (comme les statines) traversent la barrière hémato-encéphalique, ce qui pourrait changer la composition lipidique du cerveau [2,3].
Malgré tout, pour le Dr Bolli et coll., « ce signal ne doit pas compromettre l’utilisation des anti-PCSK9 pour les patients qui en ont besoin parce que les données ne sont globalement pas concluantes. » Pour l’instant, ce signal de sécurité doit simplement inciter à la prudence. « Nous devons être conscients de ce risque potentiel et suivre de près nos patients afin de repérer tout signe ou symptôme ».
Des données de sécurité globalement rassurantes
La méta-analyse de Bolli et coll. a porté sur 11 essais contrôlés randomisés (2 grands et neuf petits) ayant recueilli des données de tolérance pendant au moins 6 mois de suivi.
L’ensemble des patients (n=10 656) avait une hypercholestérolémie et une maladie coronarienne ou un risque élevé de maladie coronarienne.
Globalement, les chercheurs ont retrouvé une incidence d’effets secondaires graves similaire entre les patients recevant des anti-PCSK9 et les patients recevant un traitement standard (voir tableau).
Analyse de la tolérance en fonction de la prise ou non d’anti-PCSK9
Effet secondaire |
Groupe anti-PCSK9 |
Groupe sans anti-PCSK9 |
RR, p |
Effets secondaires graves |
741 sur 6760 (11%) |
403 sur 3896 (10,3%) |
RR=1, p=0,96 |
Evénements musculosquelettiques |
957 sur 6760 (14,2 %) |
494 sur 3896 (12,7%) |
RR=1,01, p=0,90 |
AVC |
16 sur 6760 (0,2%) |
5 sur 3896 (0,1%) |
RR=1,29, p=0,47 |
Evénements neurocognitifs |
56 sur 6760 (0,8%) |
20 sur 3896 (0,5%) |
RR=1,44, p=0,45 |
ODYSSEY LONG TERM et OSLER : un signal de sécurité neurocognitif
Toutefois, la sous-analyse colligeant les données des deux plus grands essais ODYSSEY LONG TERM (n>2300) et OSLER (n>4400) a montré que le risque d’événements neurocognitifs était presque triplé chez les patients recevant de l’alirocumab ou de l’évolocumab (RR=2,81 ; IC 95 % : 1,32 à 5,99, p=0,007) [4,5].
« Bien que l’incidence globale des troubles neurocognitifs dans les deux groupes soit basse (<1 %), ces effets secondaires pourraient avoir des retombées importantes sur la santé publique en raison de l’augmentation prévisible de l’utilisation des anti-PCSK9 et des possibles extensions d’indications », commentent les chercheurs.
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Effets neurocognitifs des anti-PCSK9 : une première méta-analyse - Medscape - 10 févr 2017.
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