Washington, Etats-Unis — Dans quelles circonstances une relation intime avec un patient ou l'un de ses proches peut-elle devenir acceptable? A l'occasion d'un récent sondage de Medscape édition internationale, les praticiens américains ont donné leur avis. S'il est globalement proche de leurs confrères français, il laisse davantage transparaitre la crainte d'être sanctionné, tout en se montrant moins intransigeant sur la question.
« Est-il acceptable, selon vous, qu'un praticien s'engage dans une relation sexuelle ou amoureuse avec un patient ? » Lors de l'enquête Medscape de 2016 sur les médecins et l'éthique, 71% des quelque 7 500 praticiens américains interrogés ont répondu par la négative. En 2010, ils étaient 83%.
Position inégale entre médecin et patient
Pour justifier cet interdit, la plupart des répondants soulignent la position inégale entre médecin et patient, propice aux comportements abusifs, en particulier lorsque les patients sont fragilisés et à la recherche d'un réconfort. Un point de vue, qui fait écho à l'avis du Conseil des affaires éthiques et judiciaires de l'American Medical Association (AMA) [1].
Dans son code de déontologie médicale , le conseil américain souligne le problème éthique que pose une relation amoureuse ou sexuelle entre médecin et patient. « De telles interactions détournent les objectifs initiaux de la relation patient-médecin et peuvent amener à profiter d'une vulnérabilité, compromettre la capacité du médecin à se prononcer de manière objective sur les soins et nuire, finalement, au bien-être du patient. »
L'AMA n'est pas, pour autant, catégorique face à l'éventualité d'une relation entre adultes consentants. Elle émet toutefois des conditions: « le praticien doit, au moins, mettre fin à la relation de soin avant d'envisager un rendez-vous amoureux et une relation avec un patient ». Une position, par ailleurs, partagée par l'Ordre des médecins français (voir encadré).
De son côté, la Federation of State Medical Boards (FSMB), qui définit des normes et des codes de conduites, s'est prononcée sur les limites à respecter [2]. « Nous considérons comme faute professionnelle, tout comportement, geste ou mode d'expression s'apparentant à de la séduction ou connoté sexuellement, irrespectueux de la vie privée du patient ou humiliant. »
La FSMB cite, comme exemple, « l'utilisation de la relation médecin-patient pour obtenir un rendez-vous amoureux ou une relation intime ».
Et en France ? Soumis aux médecins français en 2015, ce sondage avait donné des résultats similaires. Dans la majorité des cas (71%), l'éventualité d'une relation intime avec un patient est rejetée de manière catégorique. Les praticiens français se montrent même moins souples que leurs confrères américains, puisqu'ils sont deux fois moins nombreux à considérer que la relation est acceptable s'il s'agit d'un ex patient, en respectant un délai de six à 12 mois (10% vs 22%). |
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Citer cet article: Vincent Richeux. Relation intime avec un patient - Medscape - 9 févr 2017.
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