Méditation et hypnose en rhumatologie

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

8 février 2017

En chiffres, toujours, l’intestin, où résident les 2/3 de nos cellules immunitaires, c’est, étendu, une surface de 300 m2, et une longueur totale de jonctions intercellulaires que l’on ne se risque pas à évaluer. Le stress accroit les gaps entre les entérocytes. Des toxines, des pathogènes passent alors une barrière qu’ils n’auraient pas dû passer, pour stimuler une immunité qui n’aurait pas dû l’être.

« Les nutritionnistes peuvent avoir un rôle majeur dans la prise en charge des maladies inflammatoires », estime le Dr Kochman.

Savoir recourir aux approches psychocorporelles

A côté du nutritionniste, le patient rhumatologique relève sinon d’un psychiatre, du moins d’une prise en charge sur ce plan. « Il faut savoir rechercher la dépression, deux fois plus fréquente en cas de PR, et si nécessaire, prescrire un antidépresseur de la famille des inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) », estime le Dr Kochman. « Cette famille d’antidépresseurs est utile en rhumatologie, de par ses effets antalgiques ».

Enfin, préférables, peut-être, au médicament, « les psychothérapies au sens large », qui pour beaucoup sont une « laïcisation de techniques multimillénaires », selon l’expression du Dr Kochman.

« Ces approches psychocorporelles ont en commun qu’elles impliquent un transfert de compétence, un apprentissage par le patient et une émancipation vis-à-vis du médecin », poursuit-il.

Les options sont relativement nombreuses : la méditation « qui peut avoir un effet aussi puissant qu’un antidépresseur », l’hypnose, « l’un des meilleurs rapports qualité/prix de la psychiatrie » (le Dr Kochman ajoute cependant qu’il faut « s’adresser à des bons centres »), l’acupuncture, « dont les effets sont visibles en neuro-imagerie fonctionnelle », ou encore l’EMDR ( Eye movement desensitization and reprocessing ) , aux « effets vraiment impressionnants sur les traumas ».

Vous avez un patient inflammatoire ? Envoyez-le en EMDR pour le trauma -- Dr Kochman

« Vous avez un patient inflammatoire ? Envoyez-le en EMDR pour le trauma », recommande le Dr Kochman.

On peut également citer la digipuncture (variante de l’acupuncture, dans laquelle les aiguilles sont remplacées par des tapotements des doigts), la cohérence cardiaque (travail de la variabilité de la fréquence cardiaque par des exercices respiratoires), l’EFT (Emotional Freedom Technique : technique de gestion des émotions).

En matière de psychothérapies et techniques corporelles, chacun pourra faire son marché. « Les nouvelles psychothérapies sont l’apanage des rhumatologues d’aujourd’hui », conclut le Dr Kochman.

REFERENCES:

  1. Kochman F. Stress psychique et rhumatismes inflammatoires. 29 ème Congrès Français de Rhumatologie. Paris, 12 décembre 2016.

  2. Rein G, Atkinson M, McCraty R. The physiological and psychological effects of compassion and anger . Journal of Advancement in Medicine. 1995; 8(2): 87-105.

  3. O'Donovan A, Cohen BE, Seal KH et coll. Elevated risk for autoimmune disorders in iraq and afghanistan veterans with posttraumatic stress disorder . Biol Psychiatry. 2015 Feb 15;77(4):365-74.

  4. Cohen S, Janicki-Devertsa D, Doyle WJ et coll. Chronic stress, glucocorticoid receptor resistance, inflammation, and disease risk. PNAS 2012 ; 109(16) : 5995–99.

  5. Drury SS, Theall K, Gleason MM et coll. Telomere length and early severe social deprivation: linking early adversity and cellular aging . Molecular Psychiatry (2012) 17, 719–727.

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