2. Cyberaddiction au sexe
Outre les jeux vidéo en ligne, il est un autre domaine où se pose la question d’une possible nouvelle addiction pathologique : le sexe, et son désormais incontournable corollaire, la cybersexualité. Internet a rendu le matériel pornographique et la sexualité en ligne accessibles rapidement et anonymement, s’accompagnant d’une hausse du nombre de demandes de soins liées à une « consommation » excessive.
Addiction au sexe absente du DSM-5
«Cette addiction semble se développer en partie en raison des effets plaisants qu’elle procure (excitation, plaisir et gratification) ou d’autorégulation (relaxation, réduction des émotions aversives et du stress). Pour autant, il n’existe toujours pas, à ce jour, de consensus quant à la définition et aux critères diagnostiques de la dépendance sexuelle et, a fortiori, cybersexuelle, a expliqué Aline Wery, chercheur en sciences sociales (Université catholique de Louvain) lors du congrès de l’Encéphale 2017 .
D’où un certain flou concernant la conceptualisation de ce trouble comme en témoigne la variété de termes utilisés pour en parler : compulsion sexuelle, comportement sexuel excessif, hypersexualité, dépendance sexuelle, ou encore addiction sexuelle ».
De fait, la dépendance sexuelle – et par extension cybersexuelle – ne figure pas en tant que nouveau trouble psychiatrique dans la dernière édition du Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-V), même en annexe, contrairement au trouble lié aux jeux sur Internet (Internet Gaming Disorder) (voir Onglet 1. Cyberaddiction aux jeux video). Une absence s’explique en grande partie par un manque de données empiriques.
En l’absence de critères diagnostiques propres à la cyberaddiction, on considère que l’utilisation problématique de sexualité en ligne implique : - La perte de contrôle o Temps excessif consacré au comportement cybersexuel o Répétition du comportement cybersexuel o Désir d’interrompre cette conduite sans y parvenir - La présence fréquente de conséquences négatives pour l’individu et ses proches |
Autre facteur du flou conceptuel autour de ce trouble : l’hétérogénéité des conduites cybersexuelles puisque que l’on retrouve des comportements aussi divers que le visionnage d’images/vidéo pornographiques ou érotiques, la participation à des chats sexuels, du sexe via webcam ou encore la recherche de partenaires en ligne pour de la sexualité hors ligne. Sans oublier que sont apparues, depuis quelques années, de nouvelles activités cyber-sexuelles comme les jeux de rôles virtuels en 3D dans lesquels il est possible de créer son avatar et de le faire évoluer dans un monde virtuel.
Certains de ces sites poussent même le raffinement (ou le vice) jusqu’à proposer « la vente de sex-toys pouvant être connectés à l’ordinateur par un port USB et permettant de vivre des expériences virtuelles tactiles », a précisé la chercheuse pour les non-initiés. Encore peu répandus sur les sites sexuels de jeux, on peut toutefois préjuger d’une rapide démocratisation au cours des prochaines années.
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Addiction aux jeux et au sexe sur Internet : virtuelle ou réelle ? - Medscape - 7 févr 2017.
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