Cerveau ancien dans un monde moderne
Qu’est-ce qu’un usage problématique du Net ?
Si l’on veut considérer un comportement comme problématique, il faut qu’il ait des conséquences néfastes sur l’individu et son entourage. Alors que les addictions « classiques » ont des répercussions négatives bien connues d’un point de vue sanitaire et sociale (maladie, endettement…), que se passe-t-il pour la cyberaddiction ? « Les avis sont contrastés, reconnait l’orateur. Certains pédiatres estiment que l’impact des nouvelles technologies sur le développement cognitif des enfants est majeur ».
Lui-même adopte une attitude plus pragmatique : « je pense qu’il faut continuer à observer, je préfère l’idée que l'on est face à de nouvelles technologies avec d’anciennes préoccupations.
Aujourd’hui, l’impact de la radio sur la santé des enfants n’est plus discuté, alors que dans les années 1950, on assistait à des discours catastrophistes du type les enfants qui sont scotchés à leur poste de radio vont-ils devenir délinquants ou psychopathes ? a ajouté, non sans une certaine ironie, le Dr Thorens en faisant allusion à une autre présentation du congrès (voir notre article Qui sont vraiment les psychopathes ?).
De même, à quel moment franchit-on la barrière symbolique de la pratique récréative pour aller vers le mésusage ? Une tentative de réponse consiste à appliquer les critères du jeu pathologique aux jeux vidéo. Une proposition (Internet gaming disorder) a d’ailleurs été proposée dans ce sens dans l’annexe du DSM-5. Et, selon le spécialiste, elle pourrait apparaitre prochainement dans le CIM 11.
Il n’existe évidemment aucun traitement pharmacologique enregistré pour le jeu vidéo. Le traitement principal consiste donc en une prise en charge psychothérapeutique, dérivée du traitement des addictions. Outre les approches cognitivo-comportementales, l’entretien motivationnel est l’un des meilleurs outils.
Un continuum d’effets bénéfiques et d’effets négatifs On le voit, considérer le jeu vidéo comme à l’origine d’une véritable addiction est particulièrement complexe, et ce d’autant que son utilisation se situe dans un continuum d’effets bénéfiques et d’effets négatifs. En effet, le jeu vidéo est aussi vecteur de thérapie et de soin comme en témoigne la demande d’AMM auprès de la FDA de la société Akili Interactive Labs pour autoriser un jeu vidéo agissant positivement sur les symptômes des enfants atteints du trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Même ambiguïté pour la 3D et les casques de réalité virtuelle qui peuvent, par leur caractère immersif, augmenter le risque d’addiction, mais constituent aussi un réel espoir dans la lutte contre la douleur chronique . |
Actualités Medscape © 2017 WebMD, LLC
Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Addiction aux jeux et au sexe sur Internet : virtuelle ou réelle ? - Medscape - 7 févr 2017.
Commenter