Entre l’amélioration des paramètres histologique et la perte de poids, la courbe dose-effet est par ailleurs évidente. Parmi les sujets ayant perdu au moins 5% de masse pondérale (n=205), on compte 10% de résolution histologique. Entre 5 et 7% de perte de poids (n=34), 26% de résolution histologique, entre 7 et 10% (n=25), 64%, et enfin pour une perte de poids de 10% ou plus (n=29), 90%.
Plus spectaculaire encore, parmi les patients ayant perdu au moins 10% de masse pondérale, on observe une régression de la fibrose dans 45% des cas.
« La perte de poids est le traitement ultime et suffisant de la NASH et de la fibrose », résume le Pr Ratziu.
Sur le plan diététique, deux résultats spécifiques ont été obtenus dans la NASH : le rôle protecteur du café (à partir de 3 par jour), et le rôle aggravant des apports caloriques concentrés sur le diner, lorsque petit déjeuner et déjeuner sont quasi inexistants. Le fructose des sodas et le grignotage sont également très délétères, mais ceci n’a rien de spécifique. |
Il existe des limites à cette affirmation. Ainsi, « parmi les patients ayant perdu entre 7 et 10% de poids, le sexe féminin, une glycémie à jeun > 5,5 mmol/L, la présence de nombreuses cellules ballonisées à l’histologie initiale, et un IMC > 35 kg/m2 réduisent clairement la probabilité de résolution de la stéato-hépatite », écrivent les auteurs cubains.
Par ailleurs, une perte de poids > 10% n’a été obtenue que chez 10% des patients (18% ont perdu de 7 à 10% de leur poids initial, et 30% ont perdu au moins 5%).
On redécouvre donc en hépatologie la difficulté du régime – et encore, la période d’étude relativement brève (1 an) a certainement évité à l’effet rebond de prendre sa pleine mesure.
« Les interventions diététiques sont-elles efficaces et durables dans la vraie vie », s’interroge le Pr Ratziu ?
A titre de réponse à sa propre question, il cite un éditorial signé par le Pr Martijn B. Katan (Université libre d’Amsterdam) dans le New England Journal of Medicine : « Comme le choléra, l’obésité pourrait être un problème qui ne pourra être résolu sur le seul plan individuel, mais par l’action collective. Cette perspective doit être prise au sérieux, car la seule alternative efficace que nous ayons à présent pour stopper l’épidémie d’obésité serait la chirurgie gastrique pratiquée à grande échelle ». Ceci a été écrit en 2009…
Depuis, le gavage de la population se poursuit, et les hépatologues sont passés au constat pratico-pratique : « la prise en charge de ces patients nécessite des interventions pluridisciplinaires, dont les services d’hépatologie ne sont pas capables pour le moment ».
REFERENCES :
NASH Session. 10th Paris Hepatology Conference. 30 janvier 2017.
Vilar-Gomez E, Martinez-Perez Y, Calzadilla-Bertot L et coll. Weight Loss Through Lifestyle Modification Significantly Reduces Features of Nonalcoholic Steatohepatitis . Gastroenterology 2015 ; 149(2):367-378e5.
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Citer cet article: Vincent Bargoin. Cirrhose sur foie gras : la nouvelle hantise des hépatologues - Medscape - 6 févr 2017.
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