Par ailleurs, l’affection est dorénavant retrouvée chez les enfants, avec une prévalence de de 8 à 10% pour la NAFLD, et 1 à 2% pour la NASH. Ces prévalences sont en augmentation.
Enfin, l’évolution vers la cirrhose est longue, et ne concernerait que 20 à 30% des sujets porteurs de NASH. La survenue de carcinomes hépato-cellulaires chez ces sujets a toutefois été signalée en l’absence de cirrhose constituée.
Les chiffres signalés dans la population générale augmentent naturellement dans les groupes touchés par les différentes composantes du syndrome métabolique. Ont ainsi été rapportées chez les sujets obèses, des prévalences de NAFLD/NASH allant de 36 à 78%, de 43 à 62% chez les patients diabétiques, de 45 à 65% chez les patients hyperlipidémiques, de 35 à 45% en cas d’hypertension – et 55% chez les sujets infectés par le VHC, ce qui montre que le syndrome métabolique n’est malgré tout pas seul en cause. |
Quelles que soient les incertitudes résiduelles, les chiffres sont impressionnants : « La NASH viendra en tête des préoccupations en hépatologie d’ici 2030, devant le VHC », affirme ainsi le Pr Stefano Bellentoni (Locarno, Suisse).
Une 100aine de compagnies ont des molécules en développement
La situation donne naturellement des ailes à la recherche pharmaceutique, et d’autant plus qu’elle peut ratisser large : sont au moins en cause le stress oxydatif, le métabolisme lipidique, l’immunomodulation, l’inflammation, le métabolisme glucidique. Les laboratoires qui n’ont pas quelques fonds de tiroir dans ces catégories sont certainement très rares.
Résultat, on ne compte plus, aujourd’hui, les essais de phase 1,1-2 ou 2 menés dans la NASH avec des molécules portant encore leur numéro de paillasse. Un certain nombre de molécules sont également en phase 3 (acide obeticholique et elafibranor)
Dans le dossier de presse de la 10ème Paris Hepatology Conference, on trouve ce mot : « face à la NASH et compte tenu des enjeux en termes de fréquence, la recherche thérapeutique a explosé, mais reste à ce jour peu concluante ».
Efficacité des mesures hygiéno-diététiques
Facétie du destin, dans cette maladie assez typiquement capitaliste, la seule étude prospective à avoir obtenu des résultats tangibles est d’origine cubaine [2]. « C’est la meilleure dans le domaine », estime le Pr Vlad Ratziu (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Et elle oriente effectivement les hépatologues vers ce que les diabétologues ont conclu depuis longtemps : la diète et l’exercice physique.
L’étude cubaine a été menée chez 293 patients, porteurs d’une NASH prouvée histologiquement, qui ont été encouragés durant un an à suivre un régime et des mesures hygiéno-diététiques visant une réduction pondérale.
Lors de la seconde biopsie, à 52 semaines, la disparition de la stéatohépatite a été constatée dans 25% des cas, une réduction du score NAS (NAFLD Activity Score, qui associe stéatose, ballonisation des cellules et inflammation) a été constatée dans 47% des cas, et une régression de la fibrose dans 19% des cas.
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Citer cet article: Vincent Bargoin. Cirrhose sur foie gras : la nouvelle hantise des hépatologues - Medscape - 6 févr 2017.
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