Cirrhose sur foie gras : la nouvelle hantise des hépatologues

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

6 février 2017

Paris, France — Les hépatologues sont manifestement en train de rejoindre leurs collègues diabétologues, cardiologues, cancérologues dans leur lutte contre l’obésité. En cause, le foie gras, dans sa version light qu’est la NAFLD (non alcoolic Fatty Liver Disease), et dans sa forme avancée, inflammatoire, fibrotique et nécrotique, dite NASH (Non Alcoolic Steato-Hepatitis).

Les deux sont liées à l’afflux d’acides gras libres du tissu adipeux vers le foie où ils sont stockés. Mais dans la NASH, les acides gras déclenchent un processus oxydatif et une toxicité mitochondriale conduisant à la destruction des hépatocytes.

Une session était consacrée à la question lors de la 10ème Paris Hepatology Conference [1].

L’entité est décrite depuis le début des années 1980, et sa progression semble calquée sur celle de l’obésité, du diabète de type 2 (DT2), de l’HTA, des dyslipidémies. Le foie gras serait en somme la dernière composante identifiée dans ce qu’on a longtemps qualifié de « syndrome métabolique ».

Définition du syndrome métabolique

Le syndrome métabolique se définit par la présence de 3 des 5 éléments suivants : diabète, obésité centrale, hypertension, hypertriglycéridémie, baisse du cholestérol HDL.

 

Cependant, « on estime que 20 % des patients en France ont cette maladie sans aucun facteur de risque métabolique » a précisé le Pr Lawrence Serfati (hépatologue, hôpital Saint Antoine, Paris) en conférence de presse. « Des facteurs génétiques entrent également en jeu ».

Diagnostic encore basé sur la biopsie hépatique

S’agissant d’un diagnostic par exclusion, et basé sur une biopsie hépatique, on comprend que l’épidémiologie ait été relativement longue à se mettre en place. Les résultats, fondés sur des critères hétérogènes (biopsies, études post-mortem, critère de « cirrhose cryptogénique »), ne sont pas toujours comparables.

Pour les formes limites entre NAFLD et NASH en particulier, les incertitudes restent importantes.

« Vu le nombre de personnes potentiellement concernées avec une stéatose métabolique à l’échographie, 90 millions d’Américains, on ne peut évidemment pas se baser sur la biopsie hépatique. On utilise en France des marqueurs indirects de fibrose (Fibroscan, Fibrotest, Fibromètre…) » a expliqué le Pr Lawrence Serfati (CHU Saint Antoine, Paris) en conférence de presse.

On admet toutefois aujourd’hui une prévalence de 15-20% de NAFLD dans les pays développés, et jusqu’à 25-30% dans la population adulte américaine. De l’ordre de 20% de ces formes évolueraient vers la NASH, qui est devenue la seconde cause de transplantation hépatique aux Etats-Unis , La NASH est la cause de transplantation qui augmente le plus rapidement, après avoir été multipliée par 5 durant la décennie 2000.

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