Paris, France -- « La seule différence entre la syncope et la mort subite c’est que dans l’un des deux cas, on se réveille. Et c’est toujours au risque de mort subite qu’il faut penser quand on trie les patients qui passent aux urgences pour une syncope», explique à l’occasion d’une session sur le Fast-track cardiologique aux urgences le Dr Carole Maupain (rythmologue, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris) à l’occasion des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC) [1].
Une définition précise et non un diagnostic par défaut
Aujourd’hui, les « syncopes » représentent l’une des premières causes de consultations aux urgences : ainsi, pendant la décennie 40-50 ans, 16 à 19 % de la population présenterait au moins un épisode de ce type. Chez les 70-80 ans, ce chiffre passe à 23 %.
Mais le terme « syncope » est souvent utilisé à défaut comme motif d’accueil aux urgences.
Pourtant l’ESC a donné une définition précise du symptôme en 2009 : perte de conscience transitoire par hypo-perfusion cérébrale globale caractérisée par une survenue brutale, une durée courte (arrêt cardiaque de 6 à 8 sec), baisse de la pression artérielle à moins de 60 mmHg, récupération totale. |
Dès l’arrivée aux urgences, la recherche de diagnostic différentiel est nécessaire. En effet, en l’absence d’hypoperfusion cérébrale globale, d’autres pathologies peuvent se présenter cliniquement de façon assez similaire : épilepsie, troubles métaboliques (hypoglycémie, hypoxie), intoxications, AIT vertébro-basilaire…
Une enquête rigoureuse
« Pour prendre en charge en ambulatoire une syncope, il faut procéder à une véritable enquête de police, en faisant préciser les circonstances de la syncope, les facteurs favorisants, les antécédents familiaux, une éventuelle mort subite, les symptômes, la position de survenue de la syncope, les traitements… », explique le Dr Maupain.
L’interrogatoire doit être suivi par un examen clinique qui inclut un massage carotidien chez les patients de plus de 40 ans ayant présenté une syncope d’étiologie non retrouvée après l’examen clinique initial. Le massage carotidien est contre-indiqué chez les personnes ayant souffert d’un AIT dans les 3 mois précédent la syncope et chez celles qui présentent un souffle carotidien.
Le diagnostic de syncope est posé si le massage reproduit le symptôme et s’associe à une asystolie de plus de 3 secondes.
Outre le massage carotidien, la recherche d’hypotension orthostatique est nécessaire en cas de doute. Le diagnostic d’hypotension orthostatique est posé lorsque la pression artérielle systolique diminue de plus de 20 mmHg ou la diastolique de plus de 10 mmHg. Une baisse de la pression artérielle systolique à moins de 90 mmHg signe aussi le diagnostic.
Classification ESC 2009 des syncopes
Syncopes reflexes |
Syncopes en lien avec une hypotension orthostatique |
Vaso-vagales : -médiées par les émotions : peur, douleur, phobies… -En lien avec l’orthostatisme |
Lésion autonomique au premier plan Anatomique Atrophie de plusieurs systèmes Maladie de Parkinson avec dystrophie autonomique Démence à corps de Lewy |
Syncopes situationnelles : -toux, reniflement -stimulation gastro-intestinale : déglutition, défécation, douleur viscérale -stimulation urologique : syncope post-mictionnel -Post exercice -Autres : rire, instruments de musique, soulevment des poids |
Lésions autonomiques secondaires : Diabète Amyloïdose Urémie Traumatismes de la moelle épinière |
Syncopes en lien avec une stimulation des sinus carotidiens Formes atypiques sans stimuli retrouvé ou forme atypique |
Hypotension orthostatique induite par des médicaments ou des toxiques : Alcool Vasodilatateurs Diurétiques Phénothiazines Antidépresseurs |
Déplétion volumique : -Hémorragie -Diarrhée -Vomissements |
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Citer cet article: Dr Isabelle Catala. Fast-track aux urgences : prise en charge d’une syncope en ambulatoire - Medscape - 2 févr 2017.
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