Impact de l’alcool sur le cœur et les vaisseaux en 10 questions

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

1er février 2017

Dans cet article

4. Alcool et cardiomyopathie dilatée

Quelles sont les spécificités des cardiomyopathies dilatées dues à l’alcool ?

Yves Juillière : Il s’agit d’une atteinte chronique au long cours. D’après la littérature, il faut 65 g d’alcool par jour pendant 20 ans ou 45 g d’alcool par jour pendant 30 ans ou 90 g d’alcool par jour pendant plus de 5 ans pour induire une cardiomyopathie dilatée liée à l’alcool (baisse FEVG) [4]. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les prédispositions génétiques individuelles.

En tout, 20 à 40 % de toutes les cardiomyopathies dilatées non ischémiques sont probablement liées à l’alcool dans les pays industrialisés. Et sans une abstinence totale, il y a 50 % de mortalité à 4 ans.

Sur le plan de la clinique, du diagnostic et des traitements il n’y a pas vraiment de différence avec les cardiomyopathies dilatées idiopathiques excepté l’impératif d’abstinence totale.

Chez les patients qui ont une cardiomyopathie dilatée non alcoolique, est-ce que le fait de consommer modérément de l’alcool a un rôle favorable ?

20 à 40 % de toutes les cardiomyopathies dilatées non ischémiques sont probablement liées à l’alcool dans les pays industrialisés -- Yves Juillière

Yves Juillière : Je ne pense pas. Aussi, comme on ne connait pas les prédispositions génétiques des patients, on ne peut pas être certain que leur consommation d’alcool n’a pas induit une cardiomyopathie dilatée. En pratique, je dis systématiquement aux gens qu’il faut arrêter l’alcool. Si on récupère une FEVG normal, on a le diagnostic a posteriori. Mais attention, même si le patient récupère une FEVG normale, il ne doit surtout pas se remettre à boire car la maladie n’est pas guérie.

Est-ce que les pesticides ont un rôle sur la toxicité myocardique ? Y a-t-il un avantage à consommer du vin biologique ?

Yves Juillière : On ne peut pas écarter l’hypothèse que les produits phytosanitaires puissent avoir un effet délétère sur la toxicité myocardique avec une consommation importante, répétée et sur le long terme. Et en parallèle, l’agriculture biologique utilise la bouillie bordelaise qui contient du souffre et du cuivre. Or, cette consommation de cuivre et de souffre a peut-être un effet délétère au long cours sur le myocarde.

Les intervenants n’ont pas de liens d’intérêt financiers en rapport avec le sujet.

REFERENCES :

  1. Alcool et maladies cardiovasculaires. JESFC. Vendredi 13 Janvier 2017

  2. Smyth A et coll. The Lancet 2015 ; 386 : 1945-1954

  3. European guidelines on cardiovascular disease prevention in clinical practice. European Heart Journal (2012), 33 1635-1701.

  4. Laonigro I et coll. Eur J Heart fail 2009; 11 : 453-462.

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