2. Alcool et pathologie coronaire
Faut-il encourager les patients atteints de pathologies coronaires à boire modérément ?
Dr Luc Lorgis : Les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie préconisent très clairement d’encourager les patients à une consommation d’alcool modérée et régulière : deux verres par jour pour les hommes et un verre par jour pour les femmes [2].
Globalement, il semble que la consommation régulière et limitée d’alcool protège de l’infarctus du myocarde. En revanche, dès que l’on consomme plus de deux verres, on observe une surmortalité globale liée notamment aux cancers alcoolo-dépendants.
Aussi, plusieurs éléments peuvent avoir une influence : la génétique, le statut socioéconomique, le type d’alcool consommé et comment il est consommé, selon une méta-analyse récente du Lancet [3].
Selon le contexte génétique, et notamment l’haplotype de l’alcool déshydrogénase, la protection cardiovasculaire et le degré de dépendance sont différents. Mais, ces données ne sont pas encore prises en compte en pratique clinique.
Aussi, toujours selon la méta-analyse du Lancet, la prévention CV apportée par la consommation modérée d’alcool n’est vraie que dans les pays à haut niveau socioéconomique. Ce n’est donc probablement pas uniquement la consommation modérée qui apporte une protection CV. Le mode de vie et l’alimentation pèsent surement lourd. Il faut donc encourager nos patients à suivre un régime de type méditerranéen avec, pourquoi pas, un peu de vin.
Le type d’alcool consommé a-t-il son importance ?
Luc Lorgis : L’effet protecteur sur la mortalité CV que l’on peut constater avec l’alcool est plus marqué avec le vin mais il existe tout de même avec la bière ou les spiritueux.
Qu’en est-il du mode de consommation?
Luc Lorgis : D’après la méta-analyse du Lancet, le mode de consommation a surement son importance. Dans les pays industrialisés à forts revenus, on consomme essentiellement du vin pendant les repas alors que dans les pays à très faibles revenus, ce sont plutôt des alcools forts qui sont consommés en dehors des repas. Ces deux modes de consommations n’ont probablement pas le même impact cardiovasculaire. A l’extrême, le « binge drinking » est associé à un sur-risque de mortalité essentiellement lié à la mort subite.
Citer cet article: Aude Lecrubier. Impact de l’alcool sur le cœur et les vaisseaux en 10 questions - Medscape - 1er févr 2017.
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