Paris, France -- « Les complications cardiovasculaires associées aux thérapies anticancéreuses sont en augmentation. Elles peuvent survenir rapidement comme plusieurs années après un traitement », a indiqué le Pr Marie-France Seronde (cardiologie, CHU Besançon) au cours d’une session consacrée à la cardiotoxicité des anticancéreux lors des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC) [1].
La cardiologue a notamment cité une étude de Patnaik et coll. qui montre que 10 ans après un diagnostic de cancer du sein, les patientes ont autant de risque de décéder de leur cancer que d’un événement cardiovasculaire, soit 30 % de taux de mortalité CV et 30 % de mortalité par cancer du sein [2].
Au cours de son intervention, l’oratrice est revenue sur les différents types de complications cardiovasculaires en fonction des thérapies anticancéreuses utilisées.
Définition de la cardiotoxicité liée aux thérapies anticancéreuses
Selon un rapport du groupe de travail de l’ESC sur la toxicité cardiovasculaire des chimiothérapies publié en 2016 [3], la cardiotoxicité induite par les anticancéreux est définie par une baisse de la fraction d’éjection :
-de 10 % et FEVG <50 % en absence de symptômes
-de 5 % et FEVG<50 % avec symptômes d’insuffisance cardiaque.
Mais elle recouvre également, l’hypertension qui apparait après la prise des anticancéreux, l’ischémie myocardique, les coronaropathies, les valvulopathies, l’hypertension pulmonaire, les péricardites et les événements thromboemboliques.
Manifestations de la cardiotoxicité des anticancéreux Baisse de la FEVG Evènement thrombotique Hypertension pulmonaire Coronaropathie Péricardite Valvulopathie |
Des complications spécifiques aux traitements utilisés
La cardiotoxicité des thérapies anticancéreuses est induite à la fois par les médicaments et par la radiothérapie. Les différentes molécules et protocoles anti-cancéreux sont associés à des incidences de complications et à une réversibilité des effets secondaires variables. En outre, les mécanismes en jeu sont multiples (voir tableau récapitulatif en fin d’article).
1-Médicaments
Les effets secondaires médicamenteux sont principalement associés aux anthracyclines et aux thérapies ciblées.
La cardiotoxicité des anthracyclines (classe I) peut être aiguë (1% des patients), sub-aiguë (1,6 à 5,8 % des patients) ou tardive (10 à 20 ans après le traitement : 0,4 à 23 % des patients). Elle touche principalement le myocarde et est peu réversible.
Les facteurs de risque cardiovasculaires pour les patients qui reçoivent une anthracycline sont les âges extrêmes, le sexe féminin, les doses cumulées, l’insuffisance rénale, la radiothérapie passée ou concomitante, l’association avec d’autres chimiothérapies comme les agents alkylants, les antimicrotubules, les thérapies ciblées ou les immunothérapies et les antécédents CV, l’HTA et certaines prédispositions génétiques .
En parallèle, les complications cardiovasculaires associées aux thérapies ciblées (classe II) sont le plus souvent réversibles. Les mécanismes d’action en jeu ne passent pas par une atteinte structurelle du myocarde mais ne sont pas encore complètement élucidés.
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Cardiotoxicité des anticancéreux : spécificités en fonction des produits - Medscape - 24 janv 2017.
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