« Cicatrices » chéloïdes: comment améliorer leur prise en charge ?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

9 janvier 2017

Paris, France — Pas de nouveau traitement en vue, ni de recommandation spécifique pour la prise en charge des chéloïdes, un défaut de cicatrisation qui reste peu étudié. Toutefois, les moyens disponibles pour soulager les patients ne sont pas encore pleinement exploités, estime le Dr Antoine Petit (Hôpital Saint-Louis, AP-HP, Paris), qui est intervenu lors des Journées dermatologiques de Paris 2016 [1].

Les chéloïdes sont des excroissances fibreuses bénignes se développant habituellement à partir d'une lésion cutanée, après une cicatrisation anormale. « La formation des chéloïdes fait intervenir le processus de cicatrisation. Ce ne sont pas pour autant des cicatrices », a tenu à rappeler le Dr Petit.

Un processus de cicatrisation normal dépend d'un équilibre entre production et dégradation de collagène. Une chéloïde se développe à la suite d'une surproduction de collagène par les fibroblastes, empêchant ainsi d'atteindre le point d'équilibre nécessaire à la formation d'une cicatrice mature et stable.

Risque élevé de récidive après chirurgie

« La maladie chéloïdienne est une maladie fibro-proliférative inflammatoire chronique », précise le Dr Petit. Elle peut entrainer un prurit et générer une hypersensibilité, voire des douleurs allodyniques, le moindre effleurement étant alors insupportable. « Après ablation chirurgicale, la récidive est quasi inéluctable. »

Selon leur étendue et leur localisation, les chéloïdes peuvent être très invalidantes. « Les praticiens se retrouvent souvent démunis face à cette pathologie », note le dermatologue. Pourtant, malgré l'absence de traitement spécifique, « la prise en charge avec les moyens existants peut être améliorée », estime-t-il.

Pour les chéloïdes à développement vertical prédominant, avec une tendance à prendre du volume, la suppression peut être envisagée par chirurgie, mais aussi par d'autres procédés d'élimination comme le laser ou la cryothérapie. « L'exérèse peut être totale ou partielle, intra ou extra-lésionnel. »

Le traitement complémentaire indispensable

La formation des chéloïdes fait intervenir le processus de cicatrisation. Ce ne sont pas pour autant des cicatrices -- Dr Antoine Petit

Les recherches cliniques sont encore insuffisantes pour déterminer quel serait le meilleur procédé. Par exemple, « il n’est pas encore possible de savoir si la cryochirugie donne de meilleurs résultats que l'exérèse chirurgicale », indique le Dr Petit. Cependant, le choix de l'exérèse intra-lésionnelle, qui laisse les bordures actives, apparait, selon lui, « complètement illogique ».

« Quel que soit le procédé de destruction envisagé, un traitement complémentaire est indispensable en prévention des récidives, qui surviennent dans 90% des cas et, en général, avec une aggravation. Celles-ci peuvent apparaitre plusieurs années après le traitement, d'où la nécessité d'une surveillance à long terme. »

Avant d'opérer, « il reste indispensable d'évaluer le risque de récidive », souligne le spécialiste, qui regrette l'absence de score validé en clinique, incluant des facteurs pronostiques de récidive, comme les antécédents, l'âge, la topographie des lésions ou la couleur de peau.

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