Rosacée : un signe précurseur de maladies neurologiques et viscérales ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

15 décembre 2016

Paris, France — Depuis quelques mois, les publications se succèdent suggérant que la rosacée est associée à un risque accru de développer des maladies digestives, cancéreuses et neurologiques comme la maladie d’Alzheimer.

« Après 20 ans de calme plat, l’intérêt pour la rosacée est devenu exponentiel […] Entre janvier et novembre, l’équipe d’Alexander Egerberg a déjà publié 10 articles montrant que la rosacée était associée à diverses maladies graves », a commenté le Pr Bernard Cribier (Strasbourg) lors d’une session consacrée à la maladie aux Journées Dermatologiques de Paris [1].

Le dermatologue tempère toutefois ces résultats en ajoutant que « dans ces études observationnelles, aucun des risques relatifs n’est supérieur à 2. Il faut rester très prudent sur ces résultats. Aujourd’hui, on peut dire que les UV, la chaleur et les corticoïdes sont associés à la rosacée, pour le reste attendons un peu ».

La rosacée en bref
Pour rappel, la rosacée touche 4 à 10 % de la population adulte suivant les pays. Elle débute en général vers 40 ans avec un pic autour de la ménopause. Elle touche plutôt les femmes (66 à 75 %), les personnes à la peau claire et celles qui ont des antécédents familiaux. Elle se présente sous la forme d’un érythème cutané associé éventuellement à des télangiectasies (couperose) et parfois à des lésions papulo-pustuleuses.

En deux ans, plusieurs études épidémiologiques, émanant de l’équipe dirigée par le Dr Alexander Egeberg (Université de Copenhague) ont associé la rosacée à une augmentation des maladies d’Alzheimer, de Parkinson, de la migraine, de certains cancers cérébraux et de plusieurs maladies digestives.

Entre janvier et novembre, l’équipe d’ Alexander Egerberg a déjà publié 10 articles montrant que la rosacée était associée à diverses maladies graves – Pr Bernard Cribier

Ces résultats ont été obtenus à partir des données de 5 591 718 adultes dont 82 439 patients atteints de rosacée suivis de 1997 à 2012 au Danemark.

Un sur-risque viscéral ?

Une analyse épidémiologique en date du mois d’août a montré que la rosacée était associée à certaines maladies gastrointestinales comme la maladie de Crohn, le syndrome de l’intestin irritable, la colite ulcéreuse et la maladie cœliaque (une association déjà observée dans d’autres études). En revanche, aucune association n’a été retrouvée avec Helicobacter pylori.

Risques relatifs de maladies gastro-intestinales en fonction de la présence d’une rosacée

Atteinte

RR IC 95 %

Maladie de Crohn

1,45 (1,19-1,77)

Maladie cœliaque

1,46 (1,11-1,93)

Syndrome intestin irritable

1,34 (1,19-1,50)

Colite ulcéreuse

1,19 (1,02-1,39)

H pylori

1,04 (0,96-1,13)

Si les mécanismes physiopathologiques sous-jacents ne sont pas évidents, selon les auteurs, ils incitent à ce que toute plainte gastro-intestinale chez des patients atteints de rosacée soit prise au sérieux et fasse l’objet d’une évaluation Clinique.

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