Urticaire chronique : causes et traitements par le Dr Patricia Senet

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

14 décembre 2016

Paris, France — « A l'inverse de l'urticaire aiguë, l'urticaire chronique n'est jamais une réaction allergique », a rappelé le Dr Patricia Senet (Hôpital Tenon, AP-HP, Paris), au cours d'une présentation aux Journées dermatologiques de Paris 2016 [1]. La corticothérapie est donc inutile et peut même être aggravante.

L'urticaire chronique se caractérise par l'apparition de plaques et de gonflements localisés de la peau, pendant au moins deux à trois jours par semaine, avec des récidives régulières survenant sur une période de plus de six semaines. Celles-ci peuvent s’observer sur plusieurs années.

« Les lésions sont mobiles et fugaces. Elles apparaissent en moins de 24 heures sur plusieurs régions du corps et changent de place d'un jour à l’autre », a indiqué la dermatologue, qui est intervenu lors d'un forum des JDP, destiné aux médecins généralistes.

Généralement idiopathique

« A l'inverse de l'urticaire aiguë, l'urticaire chronique n'est jamais une réaction allergique. Il n'est donc pas utile d'effectuer une recherche d'IgE spécifique », au risque de décevoir les patients, qui soupçonnent très souvent une allergie alimentaire.

Les manifestations cutanées, qui peuvent fortement altérer la qualité de vie, résultent, en fait, d'une sensibilité excessive des mastocytes cutanés, qui libèrent des substances vasodilatatrices, dont l'histamine, en réponse à des facteurs extérieurs.

« L'urticaire chronique est généralement idiopathique, mais peut aussi être exacerbée par des aliments », a souligné le Dr Senet.

 
L'urticaire chronique est généralement idiopathique, mais peut aussi être exacerbée par des aliments -- Dr Patricia Senet
 

Certains médicaments, comme les antalgiques (anti-inflammatoire, tel que l'aspirine, et dérivés morphiniques) ou les antibiotiques, notamment de la famille de la pénicilline, peuvent aussi favoriser une dégranulation des mastocytes.

Prudence avec l'urticaire au froid

D'autres facteurs sont en cause. On distingue notamment l'urticaire:

- d'origine cholinergique, consécutif à un exercice physique, à la chaleur ou à une vive émotion

- d'origine adrénergique, induite notamment par le stress. Les lésions sont alors entourées d'un halo blanc caractéristique, dû à une vasoconstriction périphérique

- provoquée par le froid, qui peut être facilement diagnostiqué en cabinet, en posant des glaçons sur la peau pendant plusieurs minutes. Il touche davantage les femmes jeunes

- retardée à la pression (lanière de sac sur l'épaule, outil sur la paume de main…). Les plaques apparaissent 3 à 12 heures après la pression et persistent souvent plus de 24 heures.

- liée à l'exposition au soleil, plus rare (0,4% des urticaires chroniques) et concernant surtout les femmes adultes

- dermographique, après frottement, très fréquent (2 à 5% de la population générale) et banal, lorsqu'il n'est pas prurigineux. Les lésions apparaissent en 3 à 5 minutes et disparaissent après une dizaine de minutes.

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