Psoriasis: quand interrompre les biothérapies?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

13 décembre 2016

Paris, France — L'interruption du traitement du psoriasis cutané par biothérapie n'est pas toujours recommandée et peut même être suivie de rechutes plus sévères. Tout dépend des molécules utilisées, a montré le Pr Carle Paul (CHU de Toulouse), au cours d'une présentation aux Journées dermatologiques de Paris 2016 [1].

Dans le cas du psoriasis cutané, les biothérapies sont indiquées pour les formes modérées à sévères, après échec d’au moins deux traitements systémiques conventionnels, parmi la ciclosporine, le méthotrexate, l'acitrétine et la photothérapie. Elles comprennent des anti-TNF, premiers arrivés sur le marché, ainsi que des anti-interleukines, IL12, IL17 et bientôt IL23.

« L'arrêt de la biothérapie est envisageable lorsque le psoriasis est en rémission, c'est-à-dire avec un PASI 100 [réduction de 100% des lésions initiales, ndr]. Il est aussi plus facile à mettre en pratique chez les patients présentant un psoriasis évoluant par poussées, que chez ceux ayant un psoriasis sévère et continu depuis l’enfance », a souligné le Pr Paul.

Anti-IL12/IL23: un arrêt possible

L'interruption de traitement concerne surtout l'anti-interleukine IL12-IL23, ustékinumab (Stelara®, Janssen), premier et unique représentant de cette classe thérapeutique visant les deux interleukines, ainsi que les anti-IL23, en cours de développement. En phase d’entretien, l'ustékinumab est administré en injection sous cutanée, une fois tous les trois mois.

« L'arrêt de la biothérapie est plus fréquent chez les patients sous ustékinumab et devrait l’être aussi pour les anti-IL23 », étant donné que les rechutes sont généralement progressives après interruption de ces molécules. « Il faut alors assurer un suivi des patients, en agissant sur les comorbidités du psoriasis ».

Parmi les anti-IL23 actuellement à l’essai, le guselkumab, le tilrakisumab et le B15065066 semblent être tout aussi efficaces que les récents anti-IL17, mais avec une persistance de l’effet après arrêt du traitement, qu’il faudra encore confirmer dans les essais de phase 3.

Anti-TNF: pas de flexibilité pour l'infliximab

Premières biothérapies disponibles contre le psoriasis, les anti-TNF sont représentés par l'étanercept (Enbrel®, Pfizer), un récepteur soluble, et par l'anticorps monoclonal adalimumab (Humira®, AbbVie), deux molécules d'origine humaine. Le troisième représentant de cette classe, l'infliximab (Remicade®, Janssen), est un anticorps comportant des fragments d'origine murine.

Pour maintenir l'efficacité thérapeutique, « l'arrêt des anti-TNF n'est habituellement pas recommandée », a précisé le Pr Carl. Il est toutefois possible d'espacer les injections pour l'adalimumab et l'étanercept, mais pas pour l'infliximab, « en raison du risque d'apparition de réaction immunitaire » contre cet anticorps chimérique.

Pour rappel, l'infliximab est administré uniquement en milieu hospitalier, par voie intraveineuse (une injection tous les deux mois pendant la phase d'entretien). L'injection se fait en sous cutané, à domicile ou en cabinet, pour l'étanercept (une fois par semaine en entretien) et l'adalimumab (une fois tous les 15 jours).

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