Dans le système statique, l’agrégation en présence de risocétine (antibiotique provoquant une agrégation plaquettaire, et abandonné pour cette raison) du sang de sujets traités par l’inhibiteur de la thrombine, est accrue par rapport aux sujets sous AVK.
Dans le système dynamique, l’adhésion plaquettaire et la formation de thrombus par passage sur facteur de von Willebrand, collagène ou broyat de plaque carotidienne, est également accrue chez les sujets traités par dabigatran.
Chez la souris, le temps partiel de thromboplastine est augmenté chez les animaux traités par une dose unique de dabigatran par rapport aux animaux traités par placebo ou AVK. Par ailleurs, dans un modèle de ligature carotidienne, le thrombus formé sous dabigatran semble plus stable : le flux n’a été spontanément restauré en 30 minutes que chez l’un des neuf animaux traités par dabigatran, alors que la désocclusion est survenue En 15 minutes chez les six animaux traités par placebo. (Aucun thrombus n’a été observé sous AVK).
Par ailleurs, le masquage ou la suppression du récepteur plaquettaire GPIbα abolit les effets pro-thrombotiques de l’anti-IIa, « ce qui suggère un rôle de ce récepteur et de son site de fixation de la thrombine dans le mécanisme », relèvent les auteurs.
On note enfin que l’aspirine semble également abolir les effets prothrombotiques du dabigatran. « Malheureusement, le traitement concomitant par antithrombine et aspirine s’accompagne d’hémorragies chez les souris, ce qui empêche une analyse en profondeur de cette sensibilité à l’aspirine des thrombus se formant sous anti-IIa ».
Eviter les inhibiteurs de la thrombine en cas de risque coronaire élevé ?
Ces résultats présentent une certaine cohérence : on sait par exemple que la risocétine induit l’agrégation en facilitant la fixation du facteur de von Willebrand sur le récepteur GPIbα. Ce premier travail demande néanmoins confirmation.
Pour les auteurs, « les effets prothrombotiques modérés sous traitement par inhibiteur de la thrombine, observés dans cette étude, contribuent probablement à l’augmentation de fréquence des ischémies myocardiques cliniquement significatives observée dans les études. Par conséquent, l’état du patient sur le plan coronaire, et son risque d’infarctus du myocarde devraient être évalués avant l’initiation d’un traitement », estiment-ils.
L’étude a été financée par des institutions de recherche publiques allemandes, et par la fondation August-Lenz. Parmi les auteurs, Siegmund Braun rapporte des liens d’intérêts avec Boehringer Ingelheim ; Christof Kolb, des liens d’intérêt avec Biotronik, Boston Scientific, Medtronic, St. Jude Medical, et Sorin-LivaNova ; Carsten Lennerz des liens d’intérêt avec Biotronik, St. Jude Medical, Sorin, et Medtronic ; Daniel Braun des liens d’intérêt avec Abbott Vascular. |
REFERENCE:
Petzold T, Thienel M,Konrad I et coll. Oral thrombin inhibitor aggravates platelet adhesion and aggregation during arterial thrombosis. Sci. Transl. Med. 8, 367ra168 (2016)
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Citer cet article: Vincent Bargoin. Petit excès d’infarctus sous dabigatran : un mécanisme proposé - Medscape - 12 déc 2016.
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